Journée de solidarité au centre RELWENDE de Tanghin.

Les femmes accusées de sorcellerie auront vécu une journée spéciale ce samedi 7 mars 2013. Dans la grande maison qui les abrite dans le quartier de Tanghin à Ouagadougou, celles que certaines pratiques ancestrales négatrices de la dignité humaine taxent de rebut de la société, ont célébré leur journée de solidarité. Cette journée, la quatrième du genre, s’est ouverte par la célébration de l’eucharistie qu’a présidée son Eminence le Cardinal Philippe OUEDRAOGO archevêque de Ouagadougou, aux côtés de Mgr Thomas KABORE évêque de Kaya et président de la commission épiscopale Justice et Paix.

MAMAN TANGHIN 2Le cardinal dans son homélie a remercié toute l’assemblée de ceux qui sont accourus « pour prier en faveur de ces personnes exclues », ainsi que pour « tous les acteurs qui font œuvre utile et soutiennent l’option de l’Eglise pour les pauvres ». Il a souhaité qu’une telle journée puisse mobiliser le maximum de personnes, « pour aller contre ces stigmatisations qui excluent et avilissent le visage de l’homme à travers ces femmes exclues ». Revenant sur l’option préférentielle de l’Eglise qui prend partie pour les pauvres et les démunis », le cardinal déclare : « Dieu s’est révélé comme le défenseur de la veuve et de l’orphelin, et le fils de Dieu à la plénitude des temps est venu confirmer ce plan de Dieu dans la libération qu’il a apportée aux personnes démunies à travers les récits de l’évangile ». Ce geste du Christ est selon le cardinal Philippe, « un appel adressé à tous les humains, pour qu’ils soient acteurs de cette miséricorde autour d’eux ». Le chrétien doit voir en chaque femme et homme un être avec qui il doit être solidaire. L’évangile invite au don, et la charité doit être la source de la solidarité. Cette journée de la solidarité pousse les croyants à l’imitation du Christ solidaire avec l’homme souffrant. « Etre d’autre christs commente le cardinal, pour ainsi révéler le visage miséricordieux du Père aux faibles, aux petits et aux marginalisés de la société ». Il n’y a plus de place alors, pour la complicité des uns et des autres qu’entretiennent le silence et l’inactivisme face à ce drame de l’exclusion. Tous les épris de justice, du respect de la dignité de la personne humaine, devraient rivaliser d’initiative pour réconforter la multitude de leurs frères et sœurs mis au banc de la société. Engagés dans ce temps favorable de retournement des cœurs qu’est le carême, le Cardinal pense que les croyants doivent « se débarrasser du péché qui aveugle et empêche de voir le mal qui ronge leurs semblables, et combattre les structures de péchés que peuvent représenter ces pratiques coutumières avilissantes ». Les chrétiens sont alors appelés à l’introspection, pour débusquer tous les freins et les tares que traînent la coutume, afin de mettre de l’ordre dans leur vie et lui donner une orientation nouvelle ». Une exhortation à laquelle l’assemblée venue prier a adhéré en s’engageant à parrainer les pensionnaires.

MAMANS TANGHIN 1Placée sous le signe de la lutte contre les stigmatisations et de la proximité avec ces femmes exclues, symboles de tous les laissés pour compte, cette journée a été parrainée par son Excellence Mushingi ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Burkina Faso. A la suite des partenaires qui soutiennent financièrement la commission épiscopale Justice et Paix dans l’accompagnement de ces femmes exclues, le parrain a relevé que « cette pratique qui soumet des femmes sans défense à l’humiliation, n’est pas une fatalité ». Une affirmation à laquelle Mgr Thomas président de la commission épiscopale a renchéri en souhaitant fortement que les autorités de l’Etat légifèrent davantage dans le sens de punir toute personne qui s’adonne à ces pratiques infrahumaines à partir très souvent d’accusations sans fondement.

Avis donc à tous ceux qui veulent participer à la lutte de la commission épiscopale Justice et paix, cet instrument pour l’équité et le respect des droits humains de l’Eglise Famille de Dieu au Burkina. L’engagement pour juguler ce fléau commence par le parrainage d’une pensionnaire de centre. A l’instar du cardinal Philippe, de Son Excellence Mushingi et de Mgr Thomas, tout parrain tire au sort le nom d’une de ces mamans injustement accusées, puis s’engage à lui redonner une chance de reconstruire sa vie, en lui rendant visite et en lui apportant quelque secours matériel. Un acte presque divin, car faut-il le rappeler, certaines femmes admises au centre n’ont plus aucun lien avec un quelconque membre de leur famille.

Abbé Joseph KINDA