En vue de donner réponse à certaines questions d’actualité, susceptibles d’influencer en bien ou en moins bien la marche des séminaristes vers le sacerdoce, les formateurs des grands séminaires de la conférence épiscopale Burkina Niger, se sont donné rendez-vous à Ouagadougou, pour trois jours de travail. Du 9 au 11 mars donc, les professeurs sont venus en délégation, du grand séminaire de Koumi (Bobo-Dioulasso), de Wayalguê et de Kossoghê (Ouagadougou) et de Toecê ( Koupéla), et ont tenu ce qui peut être appelé leur première assise.
« Il existe déjà un cadre de rencontre qui se tient tous les deux ans, entre les professeurs du Burkina, du Mali et de la Guinée. Celle que nous voulons au plan national, va se tenir en alternance avec la régionale, et la présente en est la toute première », déclare le Père Théophile NARE, recteur du grand séminaire de Koumi. Selon lui, cette rencontre ambitionne de mener des réflexions sur les questions autour des grands séminaires. L’idée leur est venue lors de la dernière assemblée des évêques sur les séminaires tenue au mois de janvier 2015 à Ouagadougou. Puisqu’un cadre est annuellement donné aux formateurs des grands séminaristes de donner le pouls de ces pépinières de vocation aux évêques qui en sont les premiers responsables, ils en sont arrivés à constater que des questions parfois récurrentes, se dégageaient à partir des différents rapports présentés par les séminaires. « Nous nous sommes dit, confie le recteur de Koumi, que nous avions besoin de nous rencontrer, pour harmoniser certaines de nos pratiques, et pour réfléchir sur les préoccupations qui se révèlent communes à l’ensemble de nos séminaires », des préoccupations qui peuvent aller du plus spirituel à ce qui semble l’être moins comme la question du téléphone cellulaire par exemple.
Le téléphone mobile a énormément gagné en popularité depuis un certain temps et passe pour être aujourd’hui un réel phénomène de société qui touche tout le monde. Et la question des avantages et des inconvénients de son utilisation se pose pour et à toute la jeunesse. Les jeunes qui se destinent au sacerdoce n’en font donc pas exception. Ainsi « les questions concrètes qui vont être abordées au cours de cette première rencontre, explique le Père NARE, ont été soumises par les évêques lors de leur dernière assemblée ». « Quelques fois lors des assemblées qui concernent les séminaires, commente-t-il, nous leur soumettons des sujets, mais vu qu’ils ne peuvent pas donner de réponses presto illico, ils nous invitent à la réflexion pour leur faire des propositions qui les aident à prendre la décision ». S’inscrit au nombre de ces points donc, « la question préoccupante de l’utilisation des téléphones portables dans nos maisons de formation » qui va alimenter nos réflexions lors de cette rencontre du centre national Cardinal Paul Zoungrana, s’est-t-il expliqué.
Il s’est agi alors pour les formateurs de ces grands séminaires, d’échanger et de faire des propositions concrètes aux évêques qui prendront la décision convenable. Pour l’heure, la pratique en cours dispose qu’il est « interdit au séminariste de détenir et d’utiliser des téléphones portables personnels dans l’enceinte des maisons de formation ». Les termes choisis sont bien pesés fait remarquer le Père NARE l’air souriant. On le voit, l’intention n’est pas d’interdire au séminariste d’avoir un portable, mais de lui donner une garantie de maintenir et de cultiver une certaine intériorité favorable à la réception de la formation donnée intra muros, en lui interdisant de « détenir le téléphone portable à l’intérieur de la maison de formation ». Conséquence d’un choix libre. Il ne s’agit pas de priver à la jeunesse un outil de communication qui lui est congénère, puisqu’il peut l’utiliser lors de ses sorties en dehors de l’enceinte de la maison de formation, mais de prendre les dispositions qui l’aident à une utilisation entièrement responsable et bénéfique. « C’est cette mesure que les évêques ont prise et que nous cherchons à faire appliquer » déclare le recteur de Koumi, avant de reconnaître l’air interrogateur, « tous les rapports produits par les recteurs sur la vie des maisons de formations concernées, laissent bien voir que ce n’est pas facile et qu’il y a besoin de continuer à réfléchir pour que la mesure soit appliquée de manière profitable pour les séminaristes ». Outre cette question, les formateurs se sont penchés sur la rédaction d’un texte qui servira pour l’ensemble des grands séminaires. Ce texte synonyme d’un règlement intérieur des conseils des équipes formatrices se pose comme une nécessité, « le besoin d’avoir des éléments communs de vie et d’action au sein des séminaires de la conférence épiscopale Burkina/Niger », se posant actuellement selon le recteur de Koumi.
De l’orientation des séminaristes.
Depuis une dizaine d’années maintenant, tous les candidats au sacerdoce dans la conférence épiscopale Burkina Niger, vivent à Toecê dans l’archidiocèse de Koupéla, une année dite propédeutique. Bien qu’elle soit une pratique pour presque l’église universelle, elle n’en demeure pas moins motivée au Burkina, par le fait que d’années en années, le nombre de jeunes qui se disposent à répondre à l’appel au sacerdoce et qui viennent du lycée, l’emporte sur ceux qui passent par les petits séminaires. Décrassage spirituel s’impose. Ce lieu se présente pour le futur prêtre, comme un espace où il apprend et entretient une vie spirituelle fondamentale et nécessaire pour un temps de formation qui peut se faire long et pesant pour celui qui n’y est pas préparé. Après une année dans cette maison, ceux qui sont jugés aptes sont admis par leurs évêques pour entamer le cycle de philosophie au grand séminaire de Kossoghê à Ouagadougou. Après la prise de soutane, qui intervient à la fin du cycle de philosophie, les séminaristes sont répartis entre le grand séminaire de Koumi et celui de Wayalguê. « Nous laissons le soin au recteur du séminaire de philosophie de répartir les séminaristes, lui qui les aura formés durant les trois ans de la licence en philosophie » explique le Père NARE qui ne manque pas de préciser la tendance à grader plutôt à Ouagadougou, les séminaristes originaires des diocèses de l’ouest et à Koumi ceux du centre et du nord.
Nouvelles dispositions pour le temps de formation
« La question de la prolongation du nombre d’années de formation avant l’ordination sacerdotale est un fait, dit le recteur de Koumi, puisque nous avons une année de propédeutique et trois ans au cycle de philosophie ». Le compte fait, ce sont deux années qui s’ajoutent aux sept années traditionnelles du cursus de formation du candidat au sacerdoce dans notre Eglise Famille de Dieu au Burkina/Niger. En plus de cette année propédeutique sus évoquée, le passage désormais à trois années de philosophie, pour que la formation donnée puisse déboucher sur un diplôme, fait une autre année de plus. Cette prolongation selon le Père NARE, « est une décision profitable aux prêtres que les évêques envoient souvent se spécialiser à l’étranger, et où ils arrivent avec seulement le diplôme du baccalauréat en théologie obtenu après 7 ans d’étude ». En plus de donner aux prêtres envoyés pour la spécialisation de gagner en temps, le diplôme de licence qui sanctionne les études de philosophie, peut aider les aspirants au sacerdoce qui viendraient à prendre une autre orientation à la fin des études de philosophie, à s’insérer plus facilement dans la vie sociale. Bien évidemment rappelle le recteur, paraphrasant un de nos évêques, « cette décision n’est pas prise en fonction de ceux qui quittent mais de ceux qui restent ».
Appel à soutien
Le soutien à la formation que l’Eglise Famille demande aux chrétiens a toujours été important et devient urgent. « Ceci s’explique par la simple raison argue le recteur de Koumi, que les subsides reçues pour faire vivre les séminaires, diminuent d’année en année ». Il faut donc que dans l’esprit d’auto prise en charge qui anime notre Eglise Famille de Dieu au Burkina/Niger, les communautés prennent davantage conscience de leur responsabilité dans la prise en charge des séminaires. Les évêques avaient demandé que les recteurs puissent de temps en temps travailler à faire prendre conscience des besoins des séminaristes aux communautés chrétiennes. Le coût annuel de la formation d’un grand séminariste est de 610 000 francs. « Pour le moment explique le Père NARE, nous saisissons les occasions des célébrations d’ordination au diaconat par exemple, pour attirer les attentions en lançant les appels. En tant que responsable d’un grand séminaire ajoute-t-il, je tiens à dire au nom des trois autres, ce merci aux laïcs catholiques qui ont entendu ces appels et qui y répondent favorablement pour soutenir la formation ». Beaucoup reste à faire et les attentes sont énormes. Les formateurs des séminaristes sont reconnaissants envers les laïcs qui en prennent conscience et qui spontanément donnent ce qu’ils peuvent pour contribuer. Il est vrai, les fidèles sont déjà beaucoup sollicités dans leurs paroisses, mais puisque l’aide ne peut plus nous venir de l’extérieur, nous sommes bien obligés si nous voulons avoir des prêtres, d’accepter comme un acte de foi, cette contribution à la formation des prêtres pour notre Eglise. L’aide n’est pas que financière, elle peut s’exprimer en apport de céréales ou de fournitures de bureau entre autre. On ne donnera donc pas parce qu’on en a, mais parce qu’on aime son Eglise. Peut-être aussi parce qu’on en a… qui sait ?
Abbé Joseph KINDA