Comme il est de coutume depuis quelques années maintenant, la nonciature apostolique au Burkina Faso, a célébré la fête des rameaux à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco). En l’absence de celui que les habitants de la Maco appellent affectueusement « papa » son excellence Mgr Vito RALLO ancien nonce apostolique, c’est le chargé d’affaires de la nonciature apostolique, le Père Fernandez YAGO qui a présidé l’eucharistie des rameaux.
En présence de son Excellence M. Gilles THIBAULT, ambassadeur de la France, de M. Franck HUMBERT chef de la coopération française, de leurs amis travaillant dans les ambassades des Etats-Unis et du Sri Lanka, du médiateur du Faso, de madame SALIOU conseillère de la Justice, du contrôleur Donatien BORO représentant du directeur de la Maco, des fidèles venus de la ville de Ouagadougou, les pensionnaires de la Maco ont célébré l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem. Le président de la célébration eucharistique a transmis aux détenus de la Maco, les salutations, les remerciements et l’assurance de sa prière, de Mgr Vito RALLO qui a fini son mandat de Nonce apostolique au Burkina Faso, et qui a dû regagner un peu précipitamment l’Italie sa terre natale, pour des raisons de santé. « Nous célébrons explique le Père Yago, l’entrée de Jésus à Jérusalem et aussi celle de son corps mystique (l’Eglise), qui entre dans la semaine sainte ». Cette entrée qui inaugure l’ère de la libération de tout esclavage concerne tous ceux qui ont besoin de libération, et donc les pensionnaires de la Maco. « L’espérance d’être sauvé et de vivre avec lui commente le président de la célébration, se trouve mise devant nos yeux », mais poursuit-il « afin que ce triomphe puisse se réaliser, il faut pour chacun, emprunter le chemin qui mène vers cette gloire, le même qu’a suivi Jésus ». A travers cette atmosphère des rameaux qui mélange joie et tristesse, les prisonniers sont appelés par le prédicateur à croire et à comprendre que le seul innocent Jésus veut partager avec eux, ce qu’ils ont souffert et peut-être ce qu’ils continuent de souffrir ».
Des détenus reconnaissants
A la fin de la messe, le Père Alfred SANKARA aumônier catholique de la Maco, a exprimé sa reconnaissance et celle des prisonniers, à l’endroit du représentant du Nonce apostolique, ainsi qu’aux autorités présentes. Comme le délégué des détenus, il a dit sa gratitude à l’ambassadeur de la France, qui s’est impliqué pour la construction d’une aire de promenade ; ce plateau même où a été dressé l’autel de la célébration eucharistique. L’occasion était belle, et l’aumônier comme les pensionnaires l’ont saisie pour soumettre à l’ambassadeur de la France, leur souhait de disposer d’une autre aire de détente pour les occupants du bâtiment annexe qui n’en dispose pas encore. Un appel que M. Gilles THIBAULT a accueilli positivement.
Ils ont également témoigné leur gratitude aux groupes et associations devenus leurs amis et qui les soutiennent régulièrement. Étaient présents donc à cette célébration, la communauté chrétienne de base (CCB) Sainte Thérèse de l’enfant Jésus de Dagnoê, celle de Saint Gabriel de Dagnoê, les amis du Très Saint Sacrement, la Fraternité Sainte Famille et la Famille camillienne laïque. « Vous nous êtes si chers leur a dit le représentant des détenus, car au contraire de tous ceux qui passent près de la Maco et qui pensent que n’y vivent que des malfrats indécrottables, vous avez eu de la compassion et cru en notre capacité de changer, et êtes régulièrement à nos côtés ». « Les dons que ces groupes ont apportés en terme de vêtements, de matériels de toilette, de nourriture entre autres, sont d’un apport inestimable a confié le Père aumônier ». Un merci spécial a été adressé à une dame qui a souhaité l’anonymat, et qui tous les vendredis de ce temps de carême, a préparé et apporté la nourriture aux prisonniers.
Des détenus au parfum de l’actualité
Le représentant des détenus au cours de son mot de remerciement, a interpelé le médiateur du Faso afin qu’il les soutienne en veillant à faire appliquer les 114 articles qui ont marqué la conclusion des travaux des états généraux de la justice. « Les autorités de la transition ont promis que plus rien ne sera comme avant dit-il, alors nous comptons sur vous pour que nos conditions de détention s’améliorent ». Pour l’avènement d’une telle ère il n’occulte pas leur part de responsabilité : « Nous devons nous aussi s’adressant à ses co détenus, bien nous comporter afin de faire de cette maison une vraie maison de correction, pour qu’effectivement plus rien ne soit comme avant ». Séance tenante, madame le Médiateur du Faso a promis aux prisonniers, une visite prochaine au cours de laquelle, elle entendra davantage les habitants de la Maco sur leurs préoccupations ».
Quant à l’ambassadeur de France, il a souhaité que la justice puisse se faire en prison, pensant à la qualité de vie dans les prisons en général, aux innocents qui habitent ces lieux et aux nombreux détenus non encore entendus par la justice. « L’histoire n’est pas une fatalité », s’est-il exclamé, à l’adresse des prisonniers, avant d’ajouter dans un tonnerre d’applaudissement, « vous pouvez vous ressaisir et faire en sorte que je ne vous retrouve plus ici lors de ma prochaine visite à la Maco » et de conclure « vous êtes appelés à être des hommes nouveaux comme le message de la Pâques nous y invite tous ». La nonciature apostolique a joint l’agréable à l’utile, en offrant le repas de la fête des rameaux aux détenus.
Abbé Joseph KINDA