Après avoir célébré la vigile pascale dans sa cathédrale de Tenkodogo, Mgr Prosper KONTIEBO a pontifié la messe du jour dans les locaux de la maison d’arrêt et de correction de Tenkodogo. Ami des détenus dont les difficiles conditions le préoccupent tant, Mgr Prosper a rendu visite à quelques prisonniers et a lancé un appel aux Burkinabè en leur faveur.
Pour célébrer le dimanche de Pâques, Mgr Prosper KONTIEBO évêque de Tenkodogo, a donné rendez-vous aux détenus de la maison d’arrêt et de correction dans l’enceinte de ladite institution. En présence de sa majesté Naaba Saaga roi de Tenkodogo, Dima de « Zoungran Tenga », des élèves de l’école nationale de la santé, de l’association pour les âmes du purgatoire, ainsi que des agents de la garde pénitentiaire, Mgr KONTIEBO a présidé la messe de la résurrection du Seigneur, pour les détenus qui en avaient besoin. Pour participer en effet à cette eucharistie, chaque détenu selon le responsable de l’institution, devait librement s’inscrire. C’est donc une équipe d’environ une quarantaine de détenus qui a participé très recueillie, à la plus grande prière des catholiques. L’animation des chants a été assurée par la chorale saint Michel, chorale dite des aînés.
La vie terrestre comme un passage
Durant le partage de la parole de Dieu de ce dimanche de Pâques, Mgr Prosper, après avoir expliqué à l’assemblée la démarche de Marie Madeleine, et des deux disciples dans leur course vers le tombeau de Jésus, a invité les participants à la messe du jour de Pâques, à « vivre les yeux levés vers les réalités d’en haut ». Une telle vie selon lui consiste à garder en conscience, que la vie sur terre n’est que prélude de la vie à venir. Ainsi, les habitants de la maison d’arrêt et de correction de Tenkodogo, se voient interpelés à prendre leur séjour dans cette maison, comme une école d’apprentissage, un passage vers une nouvelle vie. « C’est à une telle vie en définitive explique l’évêque, que la résurrection nous appelle », avant d’ajouter qu’ « elle consiste à ne plus vivre pour soi, mais pour le Christ selon les mots de Saint Paul ». Ce qui suppose de sortir du vieil homme pour revêtir le christ, et faire de la recherche de Celui-ci, la préoccupation première de notre existence.
Une pastorale de prédilection
L’appel en faveur d’un attachement au Christ, pour un témoignage crédible dans ce monde, peut facilement sembler trop idéel pour quelqu’un qui évolue dans ce milieu carcéral, et où le désespoir entame bien souvent le moral, en annihilant tout possible élan aérien de l’esprit. Mgr KONTIEBO le sait bien et en pasteur averti, il entretient une relation privilégiée aussi bien avec les malades qu’avec les prisonniers. Il sait faire passer son message. Ce pouvait-il en être autrement, lui qui constatant en 2013 déjà la promiscuité dans cette maison d’arrêt et de correction, et touchant du doigt la réalité de l’exigüité des locaux dépourvus de ventilateurs, en avait acheté et fait installer dans tous les dortoirs ? Il voulait ainsi éviter que ne soient confinés à supporter les aspérités d’une chaleur écrasante, des prisonniers en surpopulation outrancière.
Celui qui s’est donné pour le service de Dieu à travers les malades même au péril de sa vie, entretient également des visites rapprochées avec les détenus de cette maison d’arrêt de Tenkodogo, qui abrite les détenus de la région du centre-est. Grâce à lui, témoignent les agents de la garde de sécurité pénitentiaire de Tenkodogo, si cette messe de Pâques a été célébrée sous un hangar de fortune renforcé par des tentes plantées pour l’occasion, désormais elle se célébrera dans une chapelle flambant neuve, dont son diocèse a assuré entièrement la construction. Ce joyau qui permettra désormais aux détenus de rencontrer Dieu dans l’intimité de sa maison, attend que des âmes généreuses soutiennent Mgr Prosper KONTIEBO, pour l’équiper en bancs, en instruments liturgiques ou autres accessoires, nécessaires pour rendre agréable la prière de tous ceux qui s’y retireront. Par ses soins, confie presque confidentiellement sa majesté le Naaba Saaga, l’hopital régional de Tenkodogo sera bientôt doté d’un important et rare matériel de santé.
Attaquant donc sur tous les fronts, et le tout en vue de rendre au mieux possible la vie des hommes et des femmes qui sont en difficultés, -c’est ainsi qu’il appelle les prisonniers-, l’évêque de Tenkodogo, a réalisé un forage qui supplée aux lacunes en eaux dans cette maison. Dans l’attente de pouvoir disposer d’un système électrique qui fasse monter l’eau dans le château ravitaillant la maison, Mgr KONTIEBO se fait beaucoup de soucis à la pensée que ce sont les prisonniers qui tous les jours se relayent pour faire monter le précieux liquide, à la force de leurs biceps. Son empathie pour eux, les détenus le savent, eux qui n’ont pas tari à lui exprimer à travers le Père Marc ZOMBRE leur aumônier, la gratitude de leurs cœurs, pour un tel amour de prédilection.
J’étais en prison et vous m’avez visité…
Selon Mgr Prosper qui au passage a contribué pour le repas de fête pascale des habitants de l’institution, il n’y a pas meilleure façon de servir le Christ, que de le servir à travers les exclus. Face à la surpopulation dans cette maison d’arrêt, il lance, outre les appels sus évoqués en faveur de l’équipement de la chapelle et du forage à eau, cette invitation à tous qui ceux le peuvent, à s’impliquer pour que les détenus puissent bénéficier de lieus décents et dignes pour leur peine. La maison d’arrêt et de correction de Tenkodogo selon l’explication des responsables de l’institution, vit avec plus d’acuité, les phénomènes de la surpopulation que connaissent les prisons au Burkina. D’une capacité d’accueil de 150 détenus, le bâtiment principal abrite environ 450 prisonniers. Cet état de fait ne dispose pas à favoriser un climat serein dans la maison, et rend assez âpre le travail d’accompagnement de la cinquantaine d’agents de la sécurité pénitentiaire. L’Etat qui est partout sollicité ne peut sûrement pas survenir à tous les besoins. C’est pourquoi Mgr KONTIEBO en appelle aux bonnes volontés, pour voler au secours de ces hommes et de ces femmes qui ont besoin d’évoluer dans un cadre où ils ne finiront pas, par se laisser prendre pour les damnés de la terre. Une telle situation loin de corriger, risquerait de déformer et de durcir les cœurs désireux de changement. Les actions concrètes où la contribution des uns et des autres est attendue, se mèneront par exemple au niveau de la devanture de la cuisine qui a besoin de quelques réalisations pour assurer plus d’hygiène. Ces actions pourront également s’exprimer en termes d’équipement en appareil télévisuel pour les mineurs, toute chose qui permettra aux agents encadreurs, de poursuivre l’éducation de ces mineurs, à travers la projection de films au contenu éducatif. Elles pourront concerner l’acquisition de toute logistique pouvant aider aux travaux de réinsertion des détenus. C’est autant d’appels entre autres donc, que Mgr KONTIEBO lance à la population burkinabè, en faveur de la maison d’arrêt et de correction de Tenkodogo dont il connait mieux les besoins, mais aussi au bénéfice de toutes les prisons du Burkina Faso. Ce cri de cœur, il le lance en cette fête de Pâques, tout en restant convaincu que l’urgent à faire, réside cependant dans l’éducation à apporter dans les familles. L’Etat ou les individus ont beau mettre les moyens qu’il faut, ceux-ci resteront inadéquats et toujours dépassés, tant qu’il restera vrai qu’un prisonnier libéré par jour, se voit remplacé par 5 nouveaux arrivants, comme c’est le cas hélas à Tenkodogo.
Abbé Joseph KINDA