Au revoir et merci au frère Emmanuel

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La conférence épiscopale Burkina/Niger a célébré la messe d’action de grâce du départ à la retraite du Frère Emmanuel Duprez, le vendredi 18 décembre dernier. A 75 ans, le natif de Roubaix en France, en accord avec la famille des missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) dont il est membre, bénéficie d’un temps de repos plus que largement mérité. Avec cet au revoir des évêques du Burkina et du Niger, il clôture un mandat de presque 16 ans, au service de l’économat de la conférence épiscopale Burkina/Niger. La presque totalité des évêques du Burkina Niger se sont arrachés à leurs occupations de veille de Noel, pour donner à l’événement son caractère important. Celui qui sur 50 ans de vie missionnaire a 43 ans au FASO dont 16 ans à la conférence épiscopale, méritait bien cette présence. L’eucharistie concélébrée par le président de la conférence épiscopale entouré de ses pairs, de deux évêques émérites, et de plusieurs prêtres, revêt pour eux l’ultime expression de la reconnaissance de l’Eglise Famille de Dieu au Burkina/Niger, à l’endroit de celui dont l’Etat burkinabè a reconnu les mérites en le faisant commandeur. Ci-dessous le mot qu’il a adressé aux évêques à cette occasion.
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« Avant de vous dire ce que j’ai envie de vous dire, permettez-moi de vous remercier vous tous qui êtes présent ici, car votre présence me fait chaud au cœur, moi qui pensais que j’allais partir en fermant tout simplement une porte et poursuivre mon chemin.

Mais parmi vous tous, il y a d’abord une personne que je veux saluer tout spécialement, c’est Monseigneur Jean Baptiste Somé, car c’est lui qui s’est battu, pieds et mains, dans les années 1999 pour que je vienne à la Conférence Épiscopale. Cher Monseigneur Jean Baptiste, je ne peux que t’en remercier car grâce à toi, j’ai vécu seize ans, heureux, en gérant cette Conférence Épiscopale, même si cela n’a pas été facile tous les jours. Vous pouvez l’applaudir.

Puis-je vous dire merci, chers frères évêques et vous tous mes autres frères, présents ou non, pas pour m’avoir dit merci, mais pour avoir voulu tout d’abord et essentiellement remercier Dieu pour moi. Oui car moi aussi, je ne peux que Lui dire merci pour tout ce qu’II a fait pour moi et par moi.

2016 va me trouver avec 50 ans de présence au Burkina Faso et 75 ans d’âge. Ça vaut le coup de lui dire merci. 27 ans d’abord dans le plus beau des villages : Nouna, puis 6 ans à Paris avant de revenir passer quasiment 16 ans à la Conférence Épiscopale. Je viens d’ailleurs de fêter en août dernier, à Nouna comme par hasard, avec quelques amis, mes 50 ans, je ne voudrai pas dire mes 50 ans de vie religieuse car, vous me connaissez, je ne suis pas tellement religieux, mais mes 50 ans d’engagements missionnaires. Là je me sens pleinement.

Frère chez les missionnaires d’Afrique, j’aime beaucoup la définition du frère dans nos constitutions et lois : « le frère est un laïc engagé à vie et qui met sa compétence professionnelle au service d’une église locale ». Venu initialement en 1966 comme mécanicien et serrurier-soudeur, les événements ont fait que je suis devenu rapidement, dés 1971, comptable, économe et gestionnaire, cumulant en même temps architecture et construction, sans oublier les audits pour les organismes tant sur le Burkina que sur la sous-région.

Oui, j’ai le sentiment d’avoir mis au maximum mes compétences professionnelles au service d’une église locale, et cette dernière réalisation avec la construction du nouveau siège de la Conférence en est encore une vive confirmation.

50 ans de vie au Burkina, au milieu de vous tous mes frères burkinabé, c’est encore une très grande chance : oui j’ai vraiment été béni par Dieu. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a jamais eu entre nous ou avec certains d’incompréhensions et tiraillements, mais c’est aussi une loi de la vie. Mais quel que soit le passé, il reste un tremplin pour l’avenir.
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Mais avant de dire merci à mes supérieurs Pères Blancs pour m’avoir encore pleinement compris quant à ma retraite, que je vais commencer à prendre dès janvier prochain, je voudrai remercier Dieu pour la santé qu’il m’a donné et donne encore. Vous m’avez vu rarement malade, si ce n’est un peu de palu mais est-ce une maladie pour nous africains ? Quoique je fasse, quoique je mange, quoique je boive, et préciserai-je le bon dolo de Nouna, même si je dors parfois peu, vous m’avez toujours vu en forme, avec ardeur dans le travail et heureux. C’est assurément un don de Dieu et qui me permet d’aborder encore ma vie de retraité en très bonne santé. Cela va me permettre d’en profiter pleinement.

Oui mes supérieurs Pères Blancs m’ont très bien compris, en acceptant qu’à 75 ans, on ne nomme plus quelqu’un, mais on le laisse prendre sa retraite, ce que j’ai donc demandé, une retraite non pas en France mais ici en Afrique, au Burkina et dans la sous-région, voulant rester disponible pour tous ceux qui le voudront pour des audits ou des formations et cela tant que ma santé me le permettra. Et comme je ne mets pas de limites à la bonté de Dieu, je pense que cela va durer. Encore un engagement d’un missionnaire âgé mais qui veut continuer à s’engager dans un apostolat, une présence sur le terrain.

Et comme il me faudra une demeure ou un pied à terre, tout naturellement ce sera dans ce beau village de Nouna. Les routes étant maintenant bitumées, et comme vous le savez, j’aime les voyages en voiture, donc…

Je ne peux terminer ce petit mot sans parler de tous ceux qui sont passés par moi pour agir ou apporter leurs contributions à notre église. Je ne peux les nommer tous car ils sont si nombreux, mais permettez-moi de faire mention des jeunes de l’Association Etoile, de la grande famille Mulliez, des amis du Vigan et autres encore. Et je pense aussi à mes collaborateurs directs depuis Nouna et jusqu’à aujourd’hui. Sans les apports des premiers et sans les propres engagements des autres, jamais nous n’aurions pu faire tout ce que nous avons fait.

Oui, merci à Dieu, merci à vous tous mes frères burkinabé. Et je repense à ce que j’ai dit aux vieux de Nouna, qui, en 1994, étaient intervenus directement auprès du Président du Faso et de son Premier Ministre pour que j’aie la nationalité burkinabé : « merci à vous qui m’avez trouvé digne d’être votre fils ou votre frère. C’est le plus beau cadeau que vous pouviez me faire ». Oui merci à vous tous qui avez permis à ce que je sois pleinement burkinabé.
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Que Dieu nous bénisse tous et que l’Eglise du Burkina continue à s’accroître au bénéfice de tous. »

Donc finalement, rien ne change. Certes je quitte la Conférence Épiscopale, non pas pour ne plus travailler, mais pour être libre, dégagé des responsabilités, pour rendre encore service à tous ceux qui le désirent, que cela soit pour des audits, pour des formations ou toute autre chose. C’est un nouvel engagement missionnaire qui s’offre à moi. Quelle chance que j’ai ! La vie est un don de Dieu et un don de soi et le Seigneur me permet de le poursuivre ainsi.

Merci donc de continuer à m’aider, par vos prières et par votre soutien financier car si la prière et l’amour font de grandes choses, l’argent aide aussi. Que ceux qui veulent recevoir un reçu fiscal, qu’ils continuent à adresser leur don aux Missionnaires d’Afrique à Paris (5 rue Roger Verlomme 75003 Paris) en libellant leur chèque à l’ordre de « SMA Pères Blancs » tout en précisant : « Pour les œuvres du Frère Emmanuel Duprez ». Oui merci de m’aider à aider.

Que vous dire de plus, si ce n’est que je suis un homme pleinement heureux et heureux de vivre dans cette Afrique que beaucoup craignent aujourd’hui alors comme dit un dicton africain : « il n’y a rien au village, c’est l’homme qui a peur ». Et à Nouna j’ai cette chance d’avoir une maison qui peut vous accueillir tous.

« L’amour est comme la liane qui s’étend toujours plus loin » : que c’est vrai, et c’est ce que je vous souhaite à vous tous où que vous soyez à l’occasion des fêtes de Noël et de cette nouvelle année 2016 : que vous, que nous soyons tous des porteurs d’amour autour de nous, et que Dieu nous bénisse tous.

Avec toutes mes amitiés.

Frère Emmanuel