Une leçon de fraternité donnée à Rome

car Ça y est, les derniers pèlerins venus à Rome pour entourer le Cardinal Philippe OUEDRAOGO de leurs prières et de leur soutiens, ont pris l’avion ce matin du 25 février 2014, pour regagner la terre natale du Faso. Pour rappel, ils ont fait partie d’un groupe composé de personnes venues directement du pays, mais aussi de compatriotes vivant en occident. Dieu qui sait parler au cœur des hommes, pourra certainement leur révéler le message fort laissé par les pèlerins Burkinabé au monde entier.

La religion ne saurait diviser les hommes

La présence de la délégation officielle aux côtés du cardinal lors de la cérémonie du consistoire est éloquente à ce propos. Le ministre d’Etat et ministre des affaires étrangères qui représentait le président du Faso était le premier témoin de la présence des Burkinabé dans la géante basilique Saint Pierre, où s’est déroulé l’événement qui donnait au Burkina son deuxième cardinal. Assis pieusement juste derrière le cardinal qui attendait l’appel du Pape pour répondre oui, il était là comme pour dire au cardinal, « allez-y, le Burkina est avec vous ». Fidèle musulman, le ministre d’Etat n’a pas considéré antagonique, sa participation par une présence physique, à cette célébration, ainsi qu’à toutes les rencontres qui s’en sont suivies et qui ont ponctué la participation des Burkinabé au pèlerinage à Rome. Nous le savons, il n’est pas venu en pèlerin, mais pour encourager le cardinal et les pèlerins. Nous pourrons estimer qu’il n’est pas venu prier au sens premier du terme, mais qu’il est venu partager une valeur  commune aux hommes, la religion, pour autant qu’un des sens de la religion veut qu’elle serve à  relier l’homme à Dieu. Il est venu attester qu’effectuer un pèlerinage à la Mecque ne voue pas aux anathèmes celui qui fait un pèlerinage ailleurs. Il est venu  confirmer qu’on peut partager la même table autour d’un repas où les uns se délectent du champagne et les autres de pure et doux jus de fruit béni par un cardinal. Est-il superflu de mentionner que parmi la presque double centaine des Burkinabé qui était présente à Rome, celui qui porte le prénom Djibril en hébreux Gabriel, est l’un des rares qui ont eu la grande joie de saluer le Pape et d’échanger quelques mots avec lui ? Il est venu dire au monde qu’un musulman peut avoir un frère chrétien, et que « son cardinal » à lui en est une illustration parfaite, lui qui est issu d’une famille qui vit au quotidien cette réalité. Il est venu annoncer au monde entier que la femme n’est nullement assujettie à la croyance religieuse de son époux et vice versa. Il ne se contente pas de le professer, il le vit concrètement ! Il a proclamé par sa participation aux célébrations vaticanes, ce que les Burkinabé vivent chez eux, la tolérance religieuse  que la composition du groupe des pèlerins a d’ailleurs reflétée.

L’honneur fait à toute une nation.

En dépit de la réalité de la vie chère, bien des participants ont consenti à mordre sur leur denier épargné,  pour être de la partie de Rome. Venus d’un peu partout des régions du Faso, chrétiens catholiques en majorité mais aussi musulmans…ils ont compris que l’honneur fait au cardinal Philippe est celui de tous les Burkinabé. Ils ont fait flotter le drapeau Burkinabé au Vatican et dans les rues de Rome. L’émotion était au rendez-vous après le consistoire et la messe d’action de grâce des cardinaux autour du Pape. On croirait que parmi les délégations accourues à Rome, les Burkinabé comptaient parmi les plus nombreux. Quid de cette messe sur la tombe de Saint Pierre ? Là, c’est encore tous et ensemble qu’autour de leurs pères évêques, ils ont pris part à la célébration eucharistique présidée par le cardinal. Dans un profond recueillement, ils ont confié leur êtres, les leurs et bien sûr le Burkina Faso pour lequel ils ont demandé la paix, la justice et l’unité.

Les prochaines étapes

Après avoir montré loin de leur terre cette unité, les pèlerins veulent prolonger cette démarche de foi et d’expression du respect des différences. Dès le 27 février à 17h50 à l’aéroport international de Ouagadougou, cela se vérifiera par l’accueil qui sera réservé au cardinal lors de son retour de Rome. Il faudra que le monde voie que les media africains et burkinabè en particulier ne diffusent pas que des scènes de crise et de division, mais qu’elles savent présenter aux hommes épris de paix, aux croyants qui se respectent, quelque chose de semblable à ce qu’avait dit  Antoine de Saint Exupéry, nos différences dans les voies d’accès à Dieu, loin de nous diviser, nous enrichissent. Il ne reste plus qu’à sortir massivement pour manifester notre joie, en attendant le rendez-vous de Yagma pour un hommage national au pied de la Reine protectrice du Burkina. Dieu protège le Burkina.