« La science progresse […] mais la sagesse de la vie est tout autre chose, et elle semble en perte de vitesse », s’est inquiété le pape François dans sa catéchèse du 25 mai 2022. Il a mis en avant la place centrale des personnes âgées, « riches en sagesse et en humour », qui peuvent redonner du sens à une société fatiguée. Le pape argentin a poursuivi son cycle de catéchèses sur la vieillesse devant plusieurs milliers de personnes rassemblées sur la place Saint-Pierre. Commentant le livre de l’Ecclésiaste et ses fameuses formules – « tout est vanité », « brouillard », « fumée » ou bien « vide » -, le pontife a reconnu qu’il était étonnant de retrouver dans la Bible ces expressions remettant en question le sens de l’existence.
Mais pour lui, ce texte met le doigt sur une réalité très actuelle : vivre avec cette « intuition négative » d’un monde désenchanté et penser à partir d’une « connaissance de la vie détachée de la passion pour la justice ». Dans cette optique, la « voie de l’indifférence » apparaît comme le seul remède à une douloureuse désillusion. Et la « démoralisation » enlève « toute volonté d’agir ».
Le pape François a alors repris aux moines des premiers temps de l’Église le concept d’ « acédie » pour définir cette « maladie de l’âme qui découvre soudain la vanité du savoir sans foi et sans morale, l’illusion de la vérité sans justice ». Il a reconnu que les personnes âgées pouvaient être tentées par cette forme de « capitulation » devant la connaissance du monde sans passion pour la justice. C’est pourquoi, le pape François leur a confié la mission de résister aux effets démoralisants de ce désenchantement. « Si les personnes âgées, qui en ont vu de tout, gardent intacte leur passion pour la justice, alors il y a de l’espérance pour l’amour, et aussi pour la foi », a-t-il assuré. Il a aussi souligné qu’elles pourraient alors préserver les jeunes « de la tentation d’un triste savoir mondain dépourvu de la sagesse de la vie ».
Le pape François a par ailleurs mis en garde une société qui, croyant tout connaître par ses mesures et ses manipulations, finit par devenir « vide de sens ». Et de souligner ce paradoxe : « avec tous nos progrès et notre prospérité, nous sommes vraiment devenus une « société de la fatigue » ». Et cette société « ouvre la porte à l’agressivité des forces du mal ».
Sans mentionner la guerre en Ukraine, le pape a toutefois déploré le fait que « nous voyons de plus en plus de guerres impitoyables contre des personnes sans défense » alors que la société était censée garantir le maintien d’une paix durable.