Dimanche 27 avril à Rome. La messe qui consacre la canonisation des papes Jean Paul II et Jean XXIII est fixée à 10h, mais déjà à 6h, la place saint Pierre est pleine et débordante. Toutes les allées y conduisant le sont également. Les bords du Tibre où des centaines de milliers de pèlerins ont passé la nuit, foisonnent de fidèles venus de partout le monde entier. Les drapeaux des différents pays au souffle de la bise matinale romaine, flottent et colorent les rues de Rome, et leurs porteurs convergent tous vers la place saint Pierre qui malheureusement ne peut les contenir. A près de deux cent mètres de l’entrée de la grande place, les écrans géants installés relayent la retransmission de la messe. Les forces de sécurité appuyées par des centaines de volontaires veillent au grain et participent au bon ordre et à la fluidité de la circulation. Une tâche relativement aisée, vu la discipline des pèlerins, qui constant l’impossibilité d’accéder à la place saint Pierre, se résolvent à suivre sur les écrans géants, pour les plus proches, ou sur les petits écrans de télé que les habitants environnants, mettent volontiers à la disposition des pèlerins découragés par l’inaccessibilité de la place saint Pierre. L’événement est spécial et il fallait s’attendre à cette affluence à Rome.
Des Saints contemporains
A peine plus de neuf ans après le retour au Père du pape Jean Paul II en effet, le pape François a décidé de donner une suite favorable à la requête des milliers de catholiques qui, à Rome et dans le monde entier, ont émis le souhait de voir Karol Wojtyla devenir saint. Au cours de la même cérémonie publique qui se déroule au Vatican, et en présence d’une foule immense de pèlerins, le pape François, a canonisé également un autre de ses prédécesseurs, le pape Jean XXIII.
Si pour Jean Paul II les choses se sont passées vite, ce n’est pas le cas de son prédécesseur Jean XXIII. Comment y sont ils parvenus? Chacun des deux papes est passé par les procédés que dispose l’Eglise catholique en matière de canonisation.
Les deux étapes de la canonisation
La canonisation d’un saint se passe en deux étapes car elle suppose d’abord que la personne canonisée soit auparavant béatifiée. La béatification comme la canonisation présuppose aussi que les saints concernés aient accompli un miracle avant chaque étape. C’est seulement lorsqu’un miracle est avéré et que la vie du candidat est jugé vertueuse, que le pape autorise un décret de béatification, et fixe la date de la cérémonie. Avant donc cette canonisation de Jean XXIII et Jean Paul II, ils ont respectivement été béatifiés en l’an 2000 et en 2011. Dans son homélie, le Pape François a rendu hommage à «deux hommes courageux», porteurs d’une «espérance vivante», qui «ont connu des tragédies mais n’en ont pas été écrasés». Et de rappeler qu’ils avaient aidé à «restaurer et actualiser l’Église selon sa physionomie d’origine».
La cérémonie a duré environ deux heures.
Les miracles des deux futurs saints
Pour devenir saint, il faut donc avoir réalisé deux miracles : un pour être béatifié, et un second pour être canonisé. Dans le cas de Jean-Paul II, les deux miracles qui lui permettent d’être canonisé ce dimanche 27 avril 2014, ont eu lieu après son départ au ciel le 2 avril 2005. Ainsi selon le journal catholique français « La croix », Le premier miracle de Jean Paul II, est la guérison de la nuit du 2 au 3 juin 2011 de la Soeur Marie Simon-Pierre. Agée de 44 ans, elle fut brusquement guérie de la maladie de Parkinson.
Le second date de la même année : victime d’un anévrisme cérébrale, la Costaricienne Floribeth Mora avait été guérie alors qu’elle suivait la cérémonie de béatification de Jean-Paul II à la télévision.
Quand au pape Jean XXIII, une exception, un seul miracle aura permis sa béatification et sa canonisation, comme le rappelle le Point : la guérison d’une religieuse italienne, Soeur Caterina Capitani, de la congrégation des Filles de la charité. Donnée pour morte après une opération en vue de l’ablation d’une tumeur à l’estomac, la femme avait survécu après avoir adressé ses prières au souverain pontife.
Jusque là, les catholiques étaient habitués à porter les prénoms de saints qui pour la plupart ont vécu à des temps plus anciens. Avec le pape Jean Paul II qui a canonisé 482 saints, les catholiques apprennent que la sainteté est possible dans l’actualité de leur existence.
Pour cette canonisation, événement de l’année pour les catholiques du monde entier, les chiffres parlent eux aussi dans ce sens. C’est la première fois que deux papes sont canonisés au cours de la même célébration par un pape « assisté » par son prédécesseur, puisque le pape « émérite » Benoit a participé à cette messe. On évalue à plus d’un million les pèlerins de 93 nationalités, 1000 évêques, 6000 prêtres, 200 diacres venus participer à « la messe des quatre papes », comme l’appellent déjà certains médias. Le saint est un modèle de vie chrétienne, mais il est aussi un intercesseur pour rencontrer Dieu. Saint Jean Paul II qui de son vivant s’était ému de la sécheresse dans notre pays, priera Dieu pour que les eaux douces de la paix et de la cohésion sociale inondent notre cher Faso.