Méditation pour la semaine sainte

 

Pour vivre au mieux possible notre semaine sainte et le triduum pascal, « ces jours cruciaux pour notre foi », voici une méditation de Mgr Paul à partir de la parole de Jésus qui confie à ses disciples la trahison qu’il va bientôt connaitre. « Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer ».

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 13,21-33.36-38.

Mgr PAUL OUEDRAOGOEn ce temps-là,  au cours du repas que Jésus prenait avec ses disciples, il fut bouleversé en son esprit, et il rendit ce témoignage : « Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera. » Les disciples se regardaient les uns les autres avec embarras, ne sachant pas de qui Jésus parlait. Il y avait à table, appuyé contre Jésus, l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait. Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus de qui il veut parler. Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus et lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? » Jésus lui répond : « C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper dans le plat. » Il trempe la bouchée, et la donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote. Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. Jésus lui dit alors : « Ce que tu fais, fais-le vite. » Mais aucun des convives ne comprit pourquoi il lui avait dit cela. Comme Judas tenait la bourse commune, certains pensèrent que Jésus voulait lui dire d’acheter ce qu’il fallait pour la fête, ou de donner quelque chose aux pauvres. Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt. Or il faisait nuit. Quand il fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard. » Pierre lui dit : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? Je donnerai ma vie pour toi ! » Jésus réplique : « Tu donneras ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois.

Mgr Paul  OUEDRAOGO, archevêque de Bobo-Dioulasso

… « Nous sommes à quelques jours du triduum pascal. Les textes de la liturgie nous rapprochent de Jérusalem où les événements majeurs de notre salut vont se célébrer. Et les textes particulièrement de ce mardi saint, surtout l’évangile, nous montrent l’annonce de la trahison de Judas. Ils nous montrent aussi le tableau des disciples qui sont en émoi, chacun se posant la question de savoir si c’est lui qui va livrer le Seigneur « qui est ce ? ». Saint Pierre essaie de voir qui c’est. Tout simplement parce qu’aucun des disciples ne pense d’abord que ça peut être lui. Aucun des disciples ne pense d’ailleurs que dans leur groupe il peut se trouver quelqu’un qui peut réellement livrer Jésus. Notre itinéraire spirituel à tous, est un peu cela. Nous sommes toujours surpris par ce dont nous sommes capables. C’est vrai qu’une fierté légitime fait que nous décrétons que nous ne sommes pas capables de ceci , que nous ne sommes pas capables de cela, mais Dieu qui connait nos cœurs, Lui qui sonde les cœurs et les reins, sait de quoi nous sommes capables. Il y a juste que sa miséricorde à Lui est plus grande que notre pêché. Sinon dans la réalité, nous ne sommes pas meilleurs que le premier collège apostolique. Il faut savoir que chacun de nous a sur ses lèvres, le baiser de Judas qu’il peut à tout moment donné au Seigneur. Chacun de nous a sur ses lèvres le reniement de Pierre qu’il est capable de sortir à tout moment pour sauver sa peau ou pour une autre raison. Et donc à ce niveau là, nous n’avons pas à être surpris par nos défections. Nous devons seulement savoir ouvrir l’œil en toute vérité et en toute simplicité pour mettre le doigt quelquefois là où ça fait le plus mal. Accepter ce que nous sommes, ne pas passer le temps à courir derrière l’idée que nous faisons de nous même et qui ne répond pas à la réalité. En nous acceptant tel que nous sommes et en sachant ouvrir les yeux sur notre péché, c’est le moyen de nous engager dans une conversion réelle et efficace.

Alors ce que je souhaite pour nous tous et pour les prêtres de façon particulière puisque le jeudi saint ça sera leur fête et pour l’ensemble du peuple saint, c’est que nous sachions par amour de la vérité, accepter de nous regarder tel que nous sommes et à partir de là engager une conversion réelle et profonde pour revenir au Seigneur de tout notre cœur. Ne continuons pas de donner le change et de tourner derrière ces images qui n’expriment pas la réalité de ce que nous sommes. Acceptons la réalité de ce que nous sommes et demandons au Seigneur la force d’améliorer ce que nous sommes parce que la conversion c’est aussi cela. La conversion n’est réelle que là où on ose ouvrir les yeux sur le péché, sur le mal qui est là.

Alors bonne entrée en semaine sainte et bonne préparation au triduum pascal à toutes et à tous. Comme Judas et Pierre nous sommes fragiles. Accueillons notre fragilité, mais surtout, comme pierre gardons toujours l’espérance et la confiance en la miséricorde de notre Dieu. Il nous accueillera toujours et nous permettra de repartir d’un pas nouveau puisqu’avec Lui, il n’y a rien qui soit définitivement perdu. Bonne semaine sainte à tous et à toutes ».

abbé Joseph KINDA