L’Eglise famille de Dieu qui est à Diébougou tient ces jours-ci une session sur la nouvelle évangélisation, une importante rencontre pour la vie du diocèse. Les agents pastoraux autour du Père de famille, ainsi que des laïcs, vivent ces journées au centre diocésain de formation et d’animation sis route de Gaoua.Cette session qui dure toute une semaine, connait une note particulière, parce qu’elle est jumelée aux journées pastorales annuelles, dont la 47è se tient du 19 au 24 octobre 2015. Selon Mgr Der Raphael, DABIRE évêque de Diébougou, « la session sur la nouvelle évangélisation avait été programmée depuis plusieurs années. Nous avons manqué de la vivre en avril dernier, pour plusieurs raisons. Et quand il a fallu la reporter, nous ne l’avons pas renvoyée à l’intérieur de l’année 2016. C’est pourquoi nous l’avons intégrée aux journées pastorales en l’élargissant au point de vue du temps ». Une telle option donne donc, un caractère particulièrement important aux journées pastorales, et rien que l’ampleur et la densité des communications y programmées en disent long. C’est pourquoi explique le Père de la famille diocésaine, « nous avons décidé de nous arrêter au lendemain du synode sur la nouvelle évangélisation, à laquelle j’ai eu la grande joie de participer, délégué par mes confrères évêques du Burkina Niger. Nous avions prévu d’organiser une session sur la liturgie, ce qui est chose faite, puis de tenir cette session sur la nouvelle évangélisation. Le synode sur la nouvelle évangélisation nous a confortés dans cette idée, d’où la tenue de la présente session ».
Les raisons d’un choix
Le changement de contexte dans tous les pays, fait que le problème du renouveau de l’évangélisation ne se pose pas seulement dans les vieilles communautés chrétiennes. L’évangélisation quand on y réfléchit, asserte Mgr Der Raphael, « doit toujours être nouvelle, elle doit toujours se renouveler selon les temps, les lieux et les cultures », mais il faut le préciser ajoute-t-il, « ce qui doit changer, ce n’est pas l’évangile, ce n’est pas le contenu comme l’a rappelé le saint pape Jean-Paul II dans sa lettre apostolique « Novo MillennioIneunte». Les croyants chrétiens ont en effet un programme de toujours, l’évangile de Jésus-Christ qui leur est donné de toute éternité en sa personne, Fils éternel du Père. Mais cet évangile de Jésus-Christ, vu qu’il s’est incarné, conduit à l’inculturation, c’est-à-dire à l’incarnation de ce message dans toutes les cultures et à toutes les époques. C’est la motivation première de la tenue de cette session, selon les mots de l’ordinaire des lieux. Après avoir sacrifié à une obligation canonique qui l’a conduit à une visite pastorale approfondie de 2011 à 2013, où il a touché du doigt à toutes les réalités des paroisses et des institutions de son diocèse, la tenue d’une telle session venait bien à propos. Ladite visite a permis à Mgr Der, de prendre non seulement acte des réalités chrétiennes économiques, culturelles que vivent les fidèles de son diocèse, mais également de voir l’état de la vie de foi, de la vie sacramentaire des fils et filles de la famille diocésaine. La présente session s’appuie donc sur un état des lieux enrichi par un autre état des lieux, puisqu’elle aura été précédée par un questionnaire envoyé au plus grand nombre de personnes, et dont la synthèse des réponses recueillies constitue des lineamenta pour le travail. A partir de ces deux sources que sont ces linéamenta et la visite de l’évêque, la session s’articulera autour de la restitution des résultats, la description du visage du diocèse aux participants, l’appel à retourner aux sources de l’évangile, pour voir Jésus dans son temps, appréhender comment il a évangélisé, et cerner comment à sa suite les apôtres qui ont été à son école ont fait le travail d’évangélisation. Pour le Père évêque, « les apôtres sont notre première école et il est important de toujours considérer comment au premier siècle les premiers chrétiens ont été évangélisés, ainsi que comment ils ont vécu leur foi ».L’appel au témoignage
Dans le témoignage des premiers chrétiens, Mgr DER pense que c’est tout naturellement que les chrétiens doivent se laisser interpeler par le fait du martyr, le témoignage de la foi jusqu’au sang. Le panel des communicateurs choisis qui sont des spécialistes dans les sciences religieuses, fera revivre ce témoignage des premiers temps ainsi que celui des missionnaires qui ont évangélisé le pays dagara. « Comment s’y sont-ils pris au départ s’interroge le prélat, eux qui ne connaissaient ni la langue ni la culture face à des populations pauvres et parfois récalcitrantes ; quelle a été leur stratégie pour susciter des chrétiens solides auxquels nous nous référons aujourd’hui, constitueront la trame des réflexions qui seront proposées aux participants ». Il n’est pas rare en effet, d’entendre parfois des réflexions qui attestent que les premiers chrétiens au Burkina avaient une foi solide. Comment s’y sont-ils pris ? En même temps, tout le monde constate dans le diocèse qu’il y a une baisse de la foi, une baisse de la pratique sacramentaire, de la prière dans les familles, et que les gens sont de plus en plus nombreux qui ne vont plus aux rassemblements. « La foi chrétienne relève Mgr Raphael, n’est plus ce qui attire spontanément, et nous devons nous interroger en tant que pasteurs et disciples d’aujourd’hui, sur notre vie à partir de l’évangile, à partir des exemples qui nous auront été restitués, à partir de nos réalités culturelles, à partir du type de chrétiens que nous avons dans un contexte de matérialisme, dans un contexte où ils sont sollicités par d’autres religions ». La visite pastorale aura également permis à l’évêque de constater qu’il y a de nombreuses sectes sur le terrain, qui offrent une pratique tellement facile que les catholiques y accourent pour recevoir le baptême en trois mois et qui prétendent revenir dans l’église catholique dont ils trouvent le cheminement vers le baptême un peu trop long et trop difficile. Avec courage, Mgr Der Raphael s’exclame, « nous devons nous laisser interroger par le système de notre catéchuménat, non pas pour faire un processus à la baisse, mais pour penser à une adaptation ». A cette grande question s’ajoute selon lui dans son diocèse, le problème de la liberté, un problème crucial au niveau des sacrements qui fait que beaucoup de parents sont privés de la communion eucharistique à cause du phénomène du mariage. « La culture dagara explique Mgr Der, veut que le papa du garçon donne une dot pour le mariage de la fille dont son fils demande la main. Mais le mariage chrétien doit être fait par la suite, pour éviter que le couple ne se retrouve dans une situation irrégulière vis-à-vis de l’église ». La disposition pastorale qui prévaut jusqu’à maintenant est que le jeune garçon qui se retrouve dans cette situation où il s’est contenté du mariage coutumier, est frappé d’interdit de communion ainsi que son papa. « Nous sommes appelés pense Mgr Raphaël, à réfléchir pour voir, dans un contexte de liberté, si les parents doivent avoir les dents agacées parce que leur progéniture qui a l’âge de décider, a mangé le raisin ».
La question des funérailles dans le diocèse, comporte aussi beaucoup de pratiques dites culturelles, du patrimoine des ancêtres comme on dit couramment, mais qui restent pour l’église des pratiques non tolérables par la foi chrétienne. Quand la session aura fait cet état des lieux, et revu l’exemple du passé, elle va permettre de regarder vers l’avenir pour voir comment avancer au regard de l’exemple des premiers chrétiens, et au regard de ce qu’est véritablement cette église diocèse qui s’interroge. Vivement donc les conclusions de cette session qui sans nul doute aidera une communauté à faire un pas en avant dans sa sequellachristi.Abbé Joseph KINDA