Dans un timing serré, les intervenants au synode des évêques à Rome disposaient d’un temps si court pour livrer leur communication. Il fallait être inspiré pour dire l’essentiel. Dans l’intervention de son Eminence le cardinal Philippe, le moins que l’on puisse dire est qu’il y est allé droit dans les yeux de tous ceux qui par manière interposée et voilée, travaillent à l‘anéantissement de l’humanité. Pour rappel, le synode général s’est tenu à Rome du 4 au 25 octobre dernier.
Très Saint Père,
Chers Pères Synodaux,
Notre intervention sera relative à deux défis pastoraux :
I. Le baptême des polygames (cf. I.L., 28, 106.118) :
Au Synode d’octobre 2014, nous avions déjà abordé le problème du baptême des polygames selon la coutume, défi pastoral auquel sont confrontées certaines Conférences épiscopales.
Notre agir pastoral en Afrique s’évertue à promouvoir la monogamie et l’indissolubilité comme propriétés essentielles du mariage.
Toutefois, quelle réponse donnée aux polygames convertis qui demandent à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne ?
La praxis canonico-pastorale en vigueur depuis le XVI° siècle, stipule le renvoi des femmes (unam ex illis).
L’Église étant « sacrement universel de salut » (L.G., 48), les Conférences épiscopales, en synergie avec les Dicastères romains concernés, devraient être pleinement responsabilisées pour discerner et statuer en la matière, en fonction des circonstances de temps, de lieu et d’âge.
II. Halte aux nouvelles colonisations idéologiques
Halte à la culture de la mort (cf. I.L., 139-141)
Dans son discours aux familles à Manille (16/01/2015), notre Saint-Père le Pape François exhortait à être « attentifs aux nouvelles colonisations idéologiques, qui cherchent à détruire la famille… ».
Que ne constatons-nous pas avec effroi ?
Des milliards de dollars et d’euros sont investis dans la production et dans la distribution de préservatifs et de contraceptifs. En outre, dans l’euphémisme de « santé et droits sexuels et reproductifs », des programmes sont imposés au pays pauvres comme conditions sine qua non d’accès aux aides financières de développement. Il en est de même de « la perspective du Gender », du mariage homosexuel, du drame de l’avortement, de l’euthanasie … on ne saurait aussi ignorer la tragédie de la manipulation des produits pharmaceutiques et alimentaires qui insèrent des substances chimiques en vue de rendre stérile et de freiner la croissance démographique.
C’est une véritable dictature de la culture de la mort.
Halte donc aux nouvelles colonisations idéologiques.
Halte à la dictature de la pensée unique.
Dans leur légitime et objective spécificité, les droits des peuples et des nations ne sont rien d’autres que des droits humains fondamentaux à promouvoir et à respecter.
En guise d’interpellation de notre Synode.
• Puisse ce Synode, de façon prophétique, permettre à notre Église de rester ferme dans la foi, indéfectible dans l’espérance, fidèle à notre Seigneur Jésus-Christ et à son Évangile, en « enseignant et en défendant les valeurs fondamentales » relatives au mariage et à la famille.
• Puisse notre Église ne pas avoir peur d’affirmer et de proposer ce qui lui est propre dans un monde en quête d’identité et de repères.
• Pour nous chrétiens, seul Jésus-Christ et son Évangile sauveront la famille, l’Église et le monde !
• Le plus grand service que ce saint Synode peut rendre à la Famille chrétienne consiste à promouvoir une pastorale familiale adéquate, qui l’aide à être une communauté de vie et d’amour, qui croit et vit pleinement le sacerdoce baptismal, en témoignant d’une vie sainte et missionnaire. « Le véritable missionnaire, c’est le saint » (RM, n° 90). La véritable famille chrétienne, c’est la famille sainte et missionnaire.
+Philippe Cardinal OUEDRAOGO
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou