Une semaine après les pèlerinages des diocèses de Bobo, Koupéla, Kaya et Tenkodogo entre autres, c’était le tour des diocésains de Ouagadougou, de célébrer l’annuel pèlerinage marial, ce dimanche 7 février 2016. Cette célébration qui a lieu à Yagma, à une quinzaine de Kilomètres du centre de Ouagadougou, et dont le thème intitulé « avec Marie, notre Mère, soyons miséricordieux comme le Père et artisans de réconciliation de justice et de paix », s’est déroulée en trois étapes dont la récitation du chapelet, la catéchèse du Cardinal et l’eucharistie.
L’innovation apportée dans le schéma traditionnel de célébration de ce pèlerinage diocésain, revient à la catéchèse publique livrée par le Cardinal Philippe, juste après le chapelet et avant la messe qui a commencé à 9 h 15. Une catéchèse qui a consisté en l’explication de l’esprit de l’année de la miséricorde et qui a insisté sur l’appel à la réconciliation, et l’urgence pour les catholiques qui accusent de la désaffection vis-à-vis du sacrement de la réconciliation, à renouer avec cette pratique sacramentaire.
En sus de cet apport nouveau, le pèlerin aura noté l’option cette année, pour une célébration qui échappe aux longueurs ennuyeuses. La monition introductive intégrée dans le mot d’accueil de l’assemblée par Mgr Léopold OUEDRAOGO l’auxiliaire du Cardinal, président de la célébration eucharistique, en a donné le ton. « La célébration de cette année explique monsieur l’abbé Narcisse GUIGMA recteur du sanctuaire marial de
Yagma, a choisi de mettre l’acce
nt sur la miséricorde de Dieu qui se donne simplement. Et parce que cette miséricorde poursuit-il, se donne simplement, nous avons touché les points essentiels notamment la catéchèse publique sur le sacrement de la réconciliation dans l’année sainte, puis au niveau de la célébration eucharistique, pour conduire les pèlerins à l’accueil et à l’adoration fructueuse de Jésus Eucharistie, nous avons réduit au maximum les trajets inutiles ». C’est dans cet esprit qu’ont prié la foule immense des pèlerins accourus de Ouagadougou et d’ailleurs, et auxquels Mgr Léopold s’est adressé en ces termes : « A vous tous, pèlerins catholiques ou évangéliques, musulmans ou adeptes des religions traditionnelles africaines, Dieu notre Père et Créateur nous reçoit tous comme ses enfants bien-aimés ».
Devoir d’action de grâce.
Dans la méditation de la parole du jour, le Cardinal Philippe a rappelé à l’assemblée recueillie et que veillait une forte équipe des forces de défense et de la sécurité, que ce pèlerinage s’effectuait « sous le signe de l’intercession en faveur de la paix au Burkina Faso ». Selon lui, une lecture pleine de foi sur le passé récent et tumultueux de notre pays, ne peut qu’incliner les Burkinabè à rendre grâce à Dieu et à implorer sa protection. Le craignant-Dieu ne peut en effet méconnaitre, que notre peuple qui a évité le pire, a fait l’expérience de l’amour de Dieu pour lui. « Forts de notre foi, s’exprime le Cardinal Philippe, nous percevons dans la trame de ces événements, la main du Seigneur qui ne cesse de veiller sur notre cher pays le Burkina Faso ». Mais si Dieu entend et exauce toujours la supplication de tous les croyants qui l’invoquent aux heures difficiles, Il ne cesse de tourner les cœurs de ses enfants vers la réconciliation, la justice et la paix. La culture de ces vertus est un impératif pour le peuple burkinabè selon le Cardinal Philippe qui invite à « prendre les moyens pour éviter la vengeance, et trouver les voies de la justice sans plonger dans l’intolérance et le refus du partage ». « La paix véritable et durable à laquelle aspire tout le peuple burkinabè explique-t-il, passe nécessairement par la tolérance, le pardon, le dialogue, la réconciliation et la justice » parce que « tous les burkinabè – de toutes langues et ethnies – constituent les grains multiformes d’un unique et même panier et rien, absolument rien ne devrait nous empêcher de nous donner la main, de nous aimer et de continuer la route ensemble ». Il en a appelé donc à prier pour que Dieu fasse de chaque fils et fille du Burkina Faso, un artisan de réconciliation. Revenant sur les attaques terroristes de janvier, il a exprimé sa sincère condoléance et l’assurance de sa prière fervente à l’endroit de toute la nation et des familles directement concernées.
Ce pèlerinage qui s’est vécu dans l’esprit de l’année de la miséricorde, donnait l’occasion aux pèlerins qui le désiraient, de passer par la porte sainte de la basilique mineure du sanctuaire de Yagma, pour faire l’expérience de la miséricorde de Dieu pour eux. Écouter la parole de Dieu dans le silence et s’adonner à la prière, aimer et pardonner comme le Père, sont les voies proposées aux pèlerins, qui veulent contempler la miséricorde de Dieu et s’en laisser toucher. L’eucharistie aux 1464 intentions confiées, et à laquelle était rattachée une indulgence plénière pour tous les pèlerins remplissant les conditions, a été célébrée par les Pères évêques et une centaine de prêtres.
Abbé Joseph KINDA