Le vendredi en général et les vendredis de Carême en particulier, le chrétien est invité à faire pénitence en vue de se convertir. Le chemin de croix est une des voies indiquées pour faire pénitence et pour se convertir. Le chemin de croix est chemin de conversion. Il est un mini pèlerinage, une marche de foi au cours de laquelle le chrétien met ses pieds dans les pas de Jésus qui a parcouru le chemin du Golgotha. Cette démarche de foi est également une occasion pour réviser sa propre vie en méditant les 14 stations de la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ. Il s’agit de relire sa vie à la lumière de la Résurrection.
En cette année de la miséricorde, doublée du thème de la famille, je vous propose une méditation du chemin de croix à partir des œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Le chemin de croix, chemin d’amour jusqu’à l’extrême du Christ est aussi chemin de miséricorde. Sur ce chemin, sur la croix du Golgotha, le Christ nous révèle le plus beau visage de Dieu : sa miséricorde. Il nous invite à en épouser les traits.
A chaque station du présent chemin de croix, chemin de miséricorde, nous affe
cterons une des quatorze œuvres de miséricorde, sans suivre nécessairement un ordre quelconque. Notre objectif est de vous aider à bien intégrer ces œuvres de miséricorde et surtout à les vivre pendant ce Carême de l’année sainte et toute notre vie durant.
Bonne méditation. Bonne marche à tous, avec le Christ, avec Marie aussi.
- NB. : Les oraisons sont pour la plupart tirées ou adaptées à partir du chemin de croix présidé par le pape François au Colisée le 18 avril 2014.
Ière STATION : Jésusest condamné à mort
5ème œuvre de miséricorde spirituelle : Pardonner les offenses
« Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole. Mais ils vociféraient : ‘‘Crucifie-le ! Crucifie-le’’. Pour la troisième fois, il leur dit : ‘‘Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction’’. Mais ils insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient. Alors Pilate décida de satisfaire leur requête. Il relâcha celui qu’ils réclamaient, le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, et il livra Jésus à leur bon plaisir » (Lc 23, 20-25).
C’est évident. Pilate a peur de perdre son poste. Il a du mal à affronter le doigt accusateur des foules déchaînées et à dire le droit. Jésus, condamné à la peine capitale alors qu’il est innocent, comme un agneau, se laisse faire. Pilate s’en décharge sur la foule et s’en lave les mains. Il le livre pour qu’il soit crucifié. Il ne veut plus rien savoir de lui. Pour lui, le cas est clos.
PRIÈRE
Seigneur Jésus, toi qui a prié ton Père en disant : « Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23,34), aucune offense n’est impardonnable à tes yeux, pourvu que le pécheur ait une profonde et sincère repentance. Alors, quand j’ai du mal à pardonner à ceux qui m’ont offensé, donne-moi la force ! Donne-moi ta force car c’est en pardonnant que je suis pardonné. Amen !
IIème STATION : Jésus est chargé de la croix
2ème œuvre de miséricorde spirituelle : Instruire les ignorants
« Jésus a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris. Car vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger ; le gardien de vos âmes » (1P 2, 24-25).
Ce n’est pas seulement le bois de la croix que porte Jésus. C’est aussi le poids de toutes les injustices, notamment celles qui provoquent les crises économiques avec leurs graves conséquences sociales : vie chère, précarité, chômage, licenciements, l’argent qui gouverne au lieu de servir, les suicides, la corruption, etc. C’est tout cela que Jésus porte sur ses épaules. Il nous enseigne à ne plus vivre pour nous-mêmes mais à créer des ponts de solidarité et d’espérance entre les hommes.
Beaucoup d’enfants manquent d’éducation. Beaucoup d’hommes et de femmes vivent dans l’ignorance des règles élémentaires d’hygiène, exposés ainsi aux maladies opportunistes. Dans l’ignorance de leurs droits fondamentaux, exposés ainsi aux escrocs de tous genres qui les exploitent impunément. Dans l’analphabétisme et l’obscurantisme, exposés ainsi à la peur. Ceux-là comptent sur nous pour être éclairés. Ils comptent sur nous pour leur apporter la Lumière qu’est Jésus Christ.
Portons les croix les uns des autres et nous rendrons ces croix légères : les nôtres tout comme celles des autres. « Par ses blessures, nous sommes guéris » (cf. 1P 2, 24).
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PRIÈRE
Seigneur Jésus,tu portes le monde sur tes épaules. Toi, notre Lumière, tu marches à notre tête comme un pasteur devant son troupeau. Eclaire notre intelligence, notre esprit et notre foi. Toi notre Maître souverain, apprends-nous à être soucieux de ceux qui vivent dans l’ignorance. Que nous acceptions avec patience et pédagogie de les instruire afin qu’ils sortent des ténèbres à ton admirable lumière. Amen !
IIIème STATION : Jésus tombe pour la première fois
6ème œuvre de miséricorde spirituelle : Endurer les injures avec patience
« En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui » (Is 53, 4-5).
En fait, Jésus, ce n’est pas un superman. Il est humain, très humain, donc fragile. La preuve, il tombe par terre, dans la poussière face au poids et à la fatigue. Mais dans cette chute, il nous enseigne à accepter nos fragilités ainsi que celles des autres. Nos échecs, nos limites : « En effet, vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir : puisque je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas. » (Rm 7, 18-19). Jésus nous enseigne à ne pas nous acharner sur celui qui est tombé, à ne pas être indifférent envers celui qui tombe.
Comment pouvoir combattre le péché sans pourtant combattre le pécheur ? Comment pouvoir combattre la faute sans pourtant combattre le fautif ? Seul Jésus peut nous l’apprendre. Endurer les injures avec patience est faiblesse aux yeux des hommes mais force aux yeux de Dieu. Renoncer à répondre à l’injure par l’injure ne signifie pas qu’on n’a pas de langue mais qu’on maîtrise sa langue. Ce qui est une vertu et non une faiblesse. Cette vertu cardinale s’appelle : la patience.
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PRIÈRE
Seigneur Jésus, toi qui t’es fait humble pour racheter nos fragilités,rends-nous capables d’endurer les insultes, les moqueries et les attaques de nos frères avec patience et persévérance. Toi qui « insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais t’en remettait à Celui qui juge avec justice ; Toi qui, sur le bois, a porté toi-même nos fautes dans ton corps, afin que, morts à nos fautes, nous vivions pour la justice ; toi dont la meurtrissure nous a guéris. Amen !
IVème STATION : Jésus rencontre sa Mère
7ème œuvre de miséricorde spirituelle : Prier pour le prochain et pour les morts + Supporter les défauts des autres
« Syméondit : Et toi, ton âme sera traversée d’un glaive’’ (Lc 2, 34-35). « Pleurez avec ceux qui pleurent. Soyez bien d’accord les uns avec les autres » (Rm 12, 15-16).
Cette rencontre de Jésus avec sa maman Marie est chargée d’émotion. C’est l’invincible force de l’amour maternel qui surpasse tout obstacle et ouvre toutes les portes qui s’exprime ici. Le regard de la Mère donne sans doute force et réconfort au fils. En même temps, Marie porte son regard sur toutes les mamans en peine pour leurs enfants mourant ou souffrant.
Marie prie toujours avec nous comme autrefois à Cana. C’est ce qui donne force à notre prière. Apprenons, nous aussi à prier pour les autres. Pour les besoins matériels et spirituels de nos proches et de ceux que nous ne connaissons pas. Apprenons aussi à prier pour les morts, surtout ceux qui meurent dans l’anonymat, dans l’oubli, dans la solitude et dans le dénuement total.
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PRIÈRE
Marie, notre Dame des douleurs, tu sais les souffrances de chacun d’entre nous. Tu sais les souffrances de nos familles. Daigne offrir à ton Fils aujourd’hui, tout ce que nous faisons, tout ce que nous souffrons, et même, tout ce que nous faisons souffrir.
Vème STATION : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix
5ème œuvre de miséricorde corporelle : Visiter les malades
« Ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs » (Mc 15, 21).
Une rencontre banale peut parfois devenir décisive, voirela rencontre de notre vie. Cette rencontre fortuite sur le chemin du Golgotha transformera la vie du paysan de Cyrène. Il nous faut être vigilants pour ne pas manquer le moment où le Seigneur vient nous visiter. Si je vis ma vie juste pour moi, elle s’étouffe. Si je la partage avec les autres, elle s’épanouit et donne du fruit en abondance.
Et qui donc est mon prochain ? Qui donc est mon frère ? Le chrétien est appelé à voir dans chaque être humain l’image de Dieu. Il doit voir surtout dans le visage des personnes en souffrance, notamment les malades, le visage de Jésus souffrant. C’est Jésus lui-même qui nous le rappelle : «Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 40).
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PRIÈRE
Seigneur Jésus,dans l’ami Cyrénéen vibre le cœur de ton Église,qui se fait la maison d’amour pour tous ceux qui souffrent dans leur corps, dans leur esprit, dans leur âme. L’aide et la présence fraternelles constituent le premier médicament. Ne permets pas que notre égoïsme nous fasse passer à côté d’un malade avec indifférence, mais aide-nous à verser l’huile de la consolation sur les blessures du prochain,sans fuir et sans jamais nous fatiguer de choisir la fraternité. Amen.
VIème STATION : Véronique essuie le visage de Jésus
4ème œuvre de miséricorde spirituelle : Consoler les affligés
« Mon cœur m’a redit ta parole : ‘‘Cherchez ma face.’’ C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. N’écarte pas ton serviteur avec colère : tu restes mon secours. Ne me laisse pas, ne m’abandonne pas, Dieu, mon salut ! » (Ps 27, 8-9).
Jésus est fatigué, poussiéreux, couvert de sang, haletant. Mais la lumière sur son visage demeure intacte. Sa beauté divine ne peut être défigurée. Les crachats ne l’ont pas obscurcie. Les gifles ne sont pas arrivées à l’éteindre. Ce visage apparaît comme un buisson ardent qui, plus il est outragé, plus il réussit à émettre une lumière de salut.
Tendresse et douceur sont féminines. Véronique représente ici la vraie image féminine de la tendresse !Le Seigneur, lui, incarne ici notre besoin de nous sentir aimés et protégés par des gestes empressés et prévenants. Les caresses de cette créature se baignent du sang précieux de Jésus et semblent enlever les actes de profanation qu’il a subis, en ces heures de tortures. Non seulement pour soulager, mais aussi pour participer à sa souffrance. En Jésus, elle reconnaît tout prochain à consoler, avec une touche de tendresse, pour rejoindre le gémissement de douleur de tous ceux qui aujourd’hui ne reçoivent ni assistance ni chaleur de compassion. Et meurent de solitude.
Saurons-nous, à notre tour, consoler ceux qui autour de nous sont affligés.
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PRIÈRE
Seigneur Jésus, tu as ressenti profondément abandon et affliction. Tu sais aussi combien notre monde est plein de personnes dans cette même situation. Inspire-nous le geste qui console, quand il faut, au bon moment. Sans Toi, nous n’avons ni ne pouvons donner aucune consolation. Amen.
VIIème STATION : Jésus tombe pour la deuxième fois
6ème œuvre de miséricorde spirituelle : Annoncer la Bonne Nouvelle aux prisonniers et aux captifs.
« Elles m’ont cerné, encerclé… Elles m’ont cerné comme des guêpes : (-ce n’était qu’un feu de ronces-) au nom du Seigneur, je les détruis ! On m’a poussé, bousculé pour m’abattre ; mais le Seigneur m’a défendu. Il m’a frappé, le Seigneur, il m’a frappé, mais sans me livrer à la mort » (Ps 117, 11.12-13.18).
Vraiment en Jésus s’accomplissent les prophéties d’Isaïe sur le Serviteur humble et obéissant, qui prend sur ses épaules toute notre histoire de douleur. Le voilà une fois de plus qui s’écroule par terre, sous le poids de la fatigue et de l’oppression, encerclé, entouré par la violence, privé désormais de force. Toujours plus seul, toujours plus dans les ténèbres ! Lacéré dans sa chair, affaibli dans son âme.
Nous reconnaissons en Lui l’expérience amère des détenus de chaque prison, avec toutes ses contradictions inhumaines. Entourés et encerclés, « poussés avec force à tomber ». Dans nos prisons, il y a les absurdités de la bureaucratie, les lenteurs de la justice, la surpopulation carcérale qui engendrent la promiscuité, les maladies, et surtout l’endurcissement du cœur. Beaucoup en ressortent pire qu’ils n’y sont entrés. Celui qui en ressort est indexé par tous comme un ‘‘ex-détenu’’, à qui on ferme les portes de tout emploi. Celui qui est tombé ne peut se relever que grâce à la main valide qui lui est tendue.
« J’étais en prison et vous êtes venus me visiter » (Mt 25, 36). Dans nos prisons, civiles ou militaires, nombreux sont ceux qui désirent avoir la messe, pouvoir se confesser, ou tout simplement rencontrer un aumônier ou leurs frères chrétiens. Certains désirent avoir une Bible pour lire la Parole de Dieu ou poursuivre la catéchèse interrompue par la prison. Certains mêmes y découvrent ou redécouvre la foi. Nos frères, condamnés à juste titre ou injustement ont droit à l’annonce de la Bonne Nouvelle de la Miséricorde pour pouvoir se convertir. Pour cela, ils comptent sur nous.
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PRIÈRE
Seigneur Jésus, c’est à cause de moi, pour moi que tu es tombé. A mes nombreux péchés, à mes infidélités, tu réponds par un amour de prédilection. A cause de moi, pour moi, tu as connu la prison avec ses souffrances. Aujourd’hui encore, il y a des juges qui signent des condamnations injustes, soit parce que corrompus, soit par peur, soit pour se débarrasser. Fais que, soutenus par ta grâce, nous cherchions toujours la vérité. Donne-nous de nous tenir du côté des faibles, capables de les accompagner sur leur chemin, sans jamais juger ni condamner. Amen.
VIIIème STATION : Jésus rencontre les femmes de Jérusalem
1ère œuvre de miséricorde spirituelle : Conseiller ceux qui en ont besoin
« Filles de Jérusalem, ne pleurez-pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! » (Lc 23, 28)
Les figures féminines se présentent,le long du chemin de croix, comme des flambeaux allumés. Elles sont prêtes à rencontrer le Seigneur et à le consoler tout comme elles le suivaient bien avant, le soutenant de leurs biens et de leur attention. Jésus est là devant elles. Elles aussi sont là, promptes à lui donner cette émotion chaleureuse que le cœur ne peut plus réfréner. Elles le regardent d’abord de loin, mais se rapprochent ensuite, comme fait tout ami, tout frère ou sœur quand il s’aperçoit de la difficulté que vit la personne aimée.Jésus est bouleversé par leurs pleurs amers, mais il les exhorte à neplus être des femmes qui pleurent mais des femmes qui croient !
Bien souvent, des gens se trompent et commettent des erreurs fatales pour leur vie, parce que personne ne leur a donné le bon conseil. Tout le monde a vu la pente raide que le fautif a prise mais personne n’a eu le courage de lui faire la remarque. Nul n’est plus sage qu’un conseil.
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PRIÈRE
Seigneur Jésus, toi qui dès avant ta naissance portait le nom si éloquent de « Merveilleux Conseiller », inspire-nous la parole et le geste qui sauvent. Apprends-nous à savoir nous faire des remarques dans la vérité et dans la charité. Apprends-nous aussi à accepter humblement les remarques et les conseils des autres. Amen !
IXème STATION : Jésus tombe pour la troisième fois
3ème œuvre de miséricorde spirituelle : Exhorter les pécheurs
« Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? La détresse ? L’angoisse ? La persécution ? La faim ? Le dénuement ? Le danger ? Le glaive ? Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés ! » (Rm 8, 35.37)
Une fois, deux fois, trois fois. C’est le comble. Jésus semble dire, comme nous dans beaucoup de moments sombres de notre vie: je n’en peux plus !Prends ma vie et qu’on en finisse ! Il clame ainsi le cri de ceux qui sont persécutés, des mourants, des malades en phase terminale, des opprimés sans défense. Mais nous le savons, il se lèvera pour poursuivre son chemin, jusqu’au bout, témoignant ainsi qu’il nous faut toujours entrevoir et entretenir l’espérance, envers et contre tout, comme la femme en douleur d’enfantement qui pense qu’elle tiendra bientôt dans ses bras son bébé.
En contemplant notre Seigneur tombé, nous réalisons qu’avec Dieu, l’espoir est toujours permis. Notre Dieu est celui qui organise la fête au retour de l’enfant prodigue et égaré. Il ne veut pas la mort du pécheur mais travaille à ce qu’il se convertisse et vive. Et il veut que nous lui ressemblions, puisque nous sommes ses enfants et que nous avons été créés à son image et à sa ressemblance.
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PRIÈRE
Seigneur Jésus, toi qui relèves le misérable de la poussière, et retire le pauvre de la cendre, tu ne désires pas la mort du pécheur. Donne-nous de savoir, comme toi, combattre le péché sans nous attaquer au pécheur. Comme tu as su sortir la pécheresse de la lapidation imminente, apprends-nous à tendre la main aux pécheurs au lieu de les rejeter. Sans compromission, que nous acceptions de les regarder avec ta tendresse, de les rejoindre avec l’amour du Bon Pasteur pour les conduire à l’auberge de ton bercail. Amen.
Xème STATION : Jésus est dépouillé de ses vêtements
3ème œuvre de miséricorde corporelle : Vêtir les personnes nues
« Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : “Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura”. Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture: “Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement”. C’est bien ce que firent les soldats » (Jn 19, 23-24).
Jésus a été dénudé devant tous ! En Jésus, innocent dénudé et torturé, reconnaissons la dignité violée de tous les innocents, spécialement des petits. Dieu n’a pas empêché que son corps dépouillé fût exposé sur la croix : il l’a fait pour racheter chaque abus injustement couvert et démontrer que Lui, Dieu, est irrévocablement du côté des victimes.
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PRIÈRE
Seigneur Jésus,nous voulons redevenir innocents comme des enfants,pour pouvoir entrer dans le Royaume des cieux,purifiés de nos souillures et de nos idoles. Donne-nous de ressentir la honte des autres comme étant la nôtre. Qu’à l’exemple de Saint Martin qui avait partagé son manteau en deux pour donner une part à un pauvre qui souffrait du froid, nous acceptions de nous dévêtir pour habiller ceux qui sont nus. Amen.
XIème STATION : Jésus est crucifié
1ère œuvre de miséricorde corporelle : Nourrir les affamés
« Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun. C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia. L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : “Le roi des Juifs”. Avec lui, ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Et fut accomplie l’Écriture qui dit : Il a été compté avec les pécheurs » (Mc 15, 24-28).
Et ils le crucifièrent ! Jésus se voit réserver la peine des traîtres, des esclaves rebelles. Aujourd’hui encore, comme Jésus, beaucoup de nos frères et sœurs sont cloués sur un lit de douleur, dans les hôpitaux, dans des orphelinats, dans leurs maisons, dans nos familles. Ils manquent souvent du strict nécessaire, jusqu’à la nourriture décente. Dans leur amertume, ils ont envie de crier comme Jésus : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46)
La maladie et la pauvreté ne demandent pas de permission. Ça vous tombe dessus à l’improviste. Cependant, si nous trouvons, à côté de nous, quelqu’un qui nous écoute, s’assied sur notre lit, qui nous apporte un repas ou qui mange avec nous, alors la maladie ou le dénuement peuvent devenir une grande école de sagesse, de rencontre avec le Dieu Patient. À l’exemple des martyrs et des saints.
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PRIÈRE
« J’avais faim et vous m’avez donné à manger » (Mt 25,35). Seigneur Jésus, que nos mains ne soient jamais pour transpercer les autres mais pour les toucher avec tendresse et les consoler. Apprends-nous à partager notre pain avec ceux qui ont faim. En nous privant de nourriture et de boissons durant ce Carême, puissions-nous communier à la faim et au dénuement des millions de malnutris et de pauvres dans le monde. Apprends-nous à nourrir ceux qui ont faim autour de nous et à ne jamais supporter que quelqu’un ait faim à côté de nous.
XIIème STATIONJésus meurt sur la croix
2ème œuvre de miséricorde corporelle : Abreuver les assoiffés
« Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : “J’ai soif. ” Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : “ Tout est accompli. ” Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit » (Jn 19, 28-30).
Méditons les sept dernières paroles de Jésus sur la croix. Jésus, lentement, avec des pas qui sont aussi les nôtres, traverse toute l’obscurité de la nuit, pour s’abandonner avec confiance entre les bras du Père. C’est le gémissement des mourants, le cri des désespérés, l’invocation des perdants. C’est Jésus !
“Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” (Mt 27, 46). C’est le cri de Job, de tout homme frappé par le malheur. Et Dieu se tait. Il se tait parce que sa réponse est là, sur la croix : c’est Lui, Jésus, la réponse de Dieu.
“Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis” (Lc 23, 42-43). On a raison d’espérer le salut jusqu’à la dernière seconde.
“Femme, voici ton fils ! …”(Jn 19, 26). Marie et Jean sont sous la croix. Si nous aussi avons des êtres aimés à côté de notre lit de douleur, cela nous soutient.
“J’ai soif ”(Jn 19, 28). Comme l’enfant demande à boire à sa maman ; La soif de Jésus est celle de tous les assoiffés de vie, de liberté, de justice ; c’est la soif du plus grand assoiffé : Dieu, qui, infiniment plus que nous, a soif de notre salut.
“Tout est accompli” (Jn 19, 30). Tout : chaque parole, chaque geste, chaque prophétie, chaque instant de la vie de Jésus. Tout est devenu amour. Avec l’amour, même la mort a aussi un sens !
“Père pardonne-leur: ils ne savent pas ce qu’ils font” (Lc 23, 34). Le pardon nous renouvelle, guérit, transforme et console ! Il recrée. Il arrête les guerres. Il ressuscite les morts.
“Père, entre tes mains, je remets mon esprit” (Lc 23, 46). Ce n’est plus la désespérance duvide. Non ! On tombe dans les mains douces de Dieu.
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PRIÈRE
Seigneur Jésus, tu as soif de mon amour. En ressentant la soif durant ce Carême et durant les vendredis particulièrement, fais-moi comprendre la soif des assoiffés du monde. Apprends-moi à préserver la nature et mon environnement, à ne pas gaspiller l’eau, source de vie et à ne jamais supporter que quelqu’un ait soif à côté de moi. Amen !
XIIIème STATION : Jésus est descendu de la croix
4ème œuvre de miséricorde corporelle : Accueillir les étrangers, les pèlerins, les gens dans le besoin
« Comme il se faisait tard, arriva un homme riche, originaire d’Arimathie, qui s’appelait Joseph, et qui était devenu, lui aussi, ami de Jésus. Il alla trouver Pilate pour demander le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu’on le lui remette » (Mt 27, 57-58).
Jésus est descendu de la croix et remis à sa Mère. Admirons cette belle icône de l’amour jusqu’au bout. La mort n’empêche pas le dernier baiser de la mère à son enfant. La mort ne peut rompre l’amour car l’amour est plus fort que la mort ! Cette icône est appelée simplement “Pietà”. “Pietà” signifie alors se faire proche des frères qui sont dans le deuil et sont inconsolables. Aimer jusqu’au bout est l’enseignement suprême que nous ont laissé Jésus et Marie.
Nous aussi, apprenons à accueillir, les bras ouverts, ceux qui sont de passage chez nous : les vrais étrangers, les vrais pèlerins, les migrants, les rapatriés, les expatriés.
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PRIÈRE
Seigneur Jésus, tu es venu chez les tiens et les tiens ne t’ont pas reçu. Donne-moi force, courage et discernement pour ne pas fermer ma porte à celui qui y frappe, demandant asile, dignité et patrie. Tu as connu l’exil sur notre terre, et en Egypte. Fais que conscient de ma fragilité, j’accueille dans ma maison ceux qui sont sans abri et loin de chez eux.
XIVème STATION : Jésus est mis au tombeau
7ème œuvre de miséricorde corporelle : enterrer les morts
« À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. C’est là qu’ils déposèrent Jésus » (Jn 19, 41-42).
Ce jardin, où se trouve le tombeau où Jésus est mis, rappelle un autre jardin : celui de l’Éden. Un jardin qui, à cause de la désobéissance, perdit sa beauté et devint désolation, lieu de mort et non plus de vie.La mort nous désarme, nous fait comprendre que nous sommes exposés à une existence terrestre qui a un terme. Mais c’est devant ce corps de Jésus déposé au tombeau que nous prenons conscience de qui nous sommes : des créatures qui, pour ne pas mourir, ont besoin de leur Créateur.
Ensevelir les morts et leur assurer des obsèques dignes est le denier honneur dû à un être humain.
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PRIÈRE
Seigneur, « mon cœur exulte, mes entrailles jubilent, et ma chair reposera en sûreté ; car tu ne peux abandonner mon âme au shéol, tu ne peux laisser ton ami voir la fosse. Tu m’apprendras le chemin de vie, devant ta face, plénitude de joie, en ta droite, délices éternelles »(Ps 15,9-11).
Prière finale
Seigneur Jésus, merci de nous avoir permis une fois de plus de monter avec toi au Golgotha. Avec toi, nous avons marché en portant la croix. Nous sommes tombés et nous nous sommes relevés. Avec toi, nous nous sommes laissé consoler et nous avons consolé. Nous nous sommes laissé aider et nous avons aidé. Nous t’en supplions à présent, fais que nos efforts portent du fruit en abondance. Donne-nous d’être miséricordieux comme le Père. Que nous acceptions de nourrir les affamés, d’abreuver les assoiffés, de vêtir les personnes nues, d’accueillir les étrangers et les pèlerins, de visiter les malades, d’annoncer la Bonne Nouvelle aux prisonniers, d’enterrer les morts. En outre, apprends-nous à conseiller ceux qui en ont besoin, à instruire les ignorants, à exhorter les pécheurs, à consoler les affligés, à pardonner les offenses, à endurer les injures avec patience, à prier pour notre prochain et surtout pour les morts. Toi qui es mort et ressuscité et qui vis et règne avec le Père, dans l’unité du Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !
Toesê le 8 février 2016 Abbé François de Sales Kaboré