Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
François a d’abord rendu hommage aux fondateurs de ces instituts religieux, qui à rebours des tendances de leur époque ont impulsé «un nouvel élan vers l’autre et vers le lointain». Aujourd’hui encore, le missionnaire témoigne du «courage de l’Évangile sans calcul», bravant«le bon sens commun car poussé par une confiance reposant exclusivement en Jésus». Le Pape a parlé d’une «mystique de la mission, une soif de communion avec le Christ à travers le témoignage», qu’il s’agit de «redécouvrir» «dans toute sa fascinante beauté, parce qu’elle conserve pour chaque époque sa force extraordinaire».
Témoin et modèle de cette force évangélisatrice, la Vierge Marie pousse les missionnaires «habités par le Christ et par son Esprit» à vivre de nouvelles “Visitations”, en quittant ses proches, son pays et sa culture d’origine pour annoncer la Bonne Nouvelle.
Un témoignage encourageant
Le Saint-Père s’est dit touché par le témoignage de ses hôtes: «Nous sommes des missionnaires ad gentes… ad extra… ad vitam» (en français: aux nations, au-dehors, pour la vie). «Vous le dites sans triomphalisme ou mise au défi, mais au contraire dans la conscience de la crise actuelle, accueillie comme une opportunité de discernement, de conversion, de renouvellement», a estimé le Pape.
Les missionnaires rappellent «que la mission n’est pas une œuvre individuelle, celle de “champions solitaires”, mais elle est communautaire, fraternelle, partagée», a ensuite souligné François, invitant les instituts à davantage de collaboration. Ils montrent aussi que la mission «n’est pas à “sens unique” – de l’Europe vers le reste du monde, ce sont là les traces du vieux colonialisme» a fait noter le Pape, «mais elle vit d’un échange, qui est désormais évident mais doit être accueilli comme une valeur, un signe des temps». La floraison souvent abondante de vocations sacerdotales et religieuses sur les terres évangélisées doit susciter la «gratitude»envers ceux qui ont donné leur vie pour l’annonce de l’Évangile. Mais elle constitue aussi «un défi pour la communion et la formation». Un défi «à accueillir sans peur, dans la confiance en l’Esprit-Saint qui est Maître pour harmoniser les diversités», a affirmé le Souverain Pontife.
Témoigner par toutes les dimensions de sa vie
Celui-ci a également rappelé que «le noyau de la mission est cette attraction du Christ», «l’unique qui attire». Cette attraction se manifeste par «la joie de l’Évangile». Pour croire, les hommes et les femmes du monde entier «ont besoin de voir des personnes qui aient dans leur cœur la joie du Ressuscité – qui ont été attirées par le Seigneur», a insisté le Pape, avant de s’exclamer: «Que cette joie, cette beauté de l’Évangile trouvent toujours de l’espace dans votre cœur, dans vos gestes, dans vos paroles, dans la manière dont vous vivez les relations».
François a demandé que cette annonce de l’Évangile «soit explicite et implicite», sans craindre de témoigner de Jésus «là où cela s’avère incommode ou peu avantageux». Il s’agit de témoigner «par toute sa vie, et non par des méthodologies entrepreneuriales qui ressemblent plus à une mystique du prosélytisme qu’à une véritable évangélisation», a-t-il prévenu, avant de désigner le principal “acteur” de l’évangélisation: l’Esprit-Saint.
Évangéliser à côté de chez soi
En conclusion de son discours, le Pape a encouragé les missionnaires à «emprunter de nouvelles routes pour annoncer l’Évangile», notamment en prenant conscience que les populations à évangéliser ne sont plus forcément à l’autre bout du monde. Elles sont «désormais venues habiter dans nos pays, ce sont les inconnus de la porte d’à côté», «nos concitoyens». D’où la nécessité de «se faire proche, de devenir amis, de s’accueillir et de s’aider». «Ce comportement nous concerne tous, a expliqué le Saint-Père, prêtres, personnes consacrées et fidèles laïcs». Le Mois missionnaire extraordinaire vient ainsi rappeler que «la nature intrinsèque de l’Église est missionnaire»