Mgr Philippe, un humble serviteur de Dieu

arton58094 On peut noter avec bonheur, combien le nouveau cardinal burkinabè, fils spirituel de Charles de Foucauld, s’inscrit dans la dynamique du Pape François. S’il y a un mot qu’on a entendu et noter de lui depuis sa création comme Cardinal, c’est bien le mot « service » en témoigne ses propres propos le 24 février sur Lefaso.net : « Nous avons été choisis parmi tant d’autres pour l’accompagner dans ce service (…). Je pense que c’est un appel fort pour nous, nouveaux cardinaux, pour aimer davantage Dieu, aimer davantage l’Eglise, aimer davantage les hommes, nos frères et sœurs. C’est un service, comme le pape lui-même l’a dit dans sa lettre adressée à tous les néo-cardinaux. C’est un simple service, ce n’est pas une promotion, ni un honneur, ni une décoration ; c’est un service. Pour s’acquitter de ce service, il faut revêtir les vertus et les sentiments de Jésus Christ. Et il nous donne comme modèle la Vierge Marie, l’humble servante ». Mgr Philippe, « Duc in altum ! » En méditant ces propos de notre Cardinal, on a simplement envie de lui dire ce qu’il ne cesse de dire lui-même aux hommes et aux femmes qu’il rencontre : « Duc in altum ! » : « Avance au large ! » « sans hésiter » « en eau profonde ! ». C’est l’exhortation même de Jésus à Pierre, que l’archevêque de Ouagadougou fait sienne et qu’il veut nous transmettre avec l’ardeur apostolique qui l’anime. Monsieur le Cardinal, « Duc in altum ! ». Tourner votre esprit et votre cœur vers de larges horizons et continuez à travailler et à prier pour voir large, loin et profond ! « Duc in altum » pour continuer à proposer aux hommes et aux femmes de votre temps, votre spiritualité de la communion, une spiritualité qui tienne compte de la dimension sociale de l’homme. « Une spiritualité de la communion, nous dit que c’est savoir donner une place à son frère, en portant les fardeaux les uns des autres et ne repoussant les tentations égoïstes qui continuellement nous tendent des pièges et qui provoquent compétition, carriérisme, défiance, jalousie ». L’enseignement du Concile Vatican II vous y encourage : « Le message chrétien ne détourne pas les hommes de la construction du monde et ne les incite pas à se désintéresser du sort de leurs semblables : il leur en fait au contraire un devoir pressant » . Dans une Eglise servante Il est bon de rappeler ici que ce mot « service » était inscrit au cœur de la thématique du dernier synode des évêques pour l’Afrique : faire de l’Eglise famille-de-Dieu en Afrique, une Eglise au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. Le synode de 1994 avait permis à l’Eglise d’Afrique de prendre conscience qu’elle était une Eglise-famille de Dieu avec tout ce que ce concept d’Eglise-famille comporte comme ombres et lumières. Le synode de 2009 allait permettre à l’Eglise d’Afrique de réaliser qu’elle ne sera Eglise-famille que si elle est d’abord Eglise servante. Il apparaît clairement que l’Eglise-famille de Dieu ne peu être crédible que si elle est une Eglise servante. L’Eglise ne peut mieux se définir que comme communauté des disciples de Jésus passionnée de Dieu et de l’homme. Du coup, l’Eglise en Afrique doit s’interroger sur sa manière de rendre service, la manière dont elle prend le tablier du service, la manière dont elle ouvre l’Evangile à la page de l’homme. Pour rendre le service de la réconciliation, il faut se dépouiller, se rendre simple et humble en évitant le jeu de la classe dominante pour mettre au centre de l’Eglise le méprisé, le marginalisé, le sans-savoir et le sans-pouvoir. C’est une autre manière de valoriser et de revaloriser « le respect des droits de l’homme ». Servir, en Eglise, c’est servir tous les hommes, tout homme et tout l’homme. Père Jean-Paul SAGADOU Religieux assomptionniste lefasonet du 27 février