C’est dans la ferveur que l’Eglise Famille de Dieu au Burkina/Niger en général et à Ouagadougou en particulier, a rendu hommage à l’abbé Adolphe OUEDRAOGO, rappelé à Dieu le 17 septembre dernier. En présence de l’archevêque de Koupéla, des évêques de Kaya et de Fada, de l’évêque auxiliaire de Ouagadougou et des évêques émérites Untaani et Wenceslas Compaoré, l’archevêque Cardinal Philippe OUEDRAOGO a présidé la messe des obsèques d’un infatigable missionnaire.
Il est prince, celui dont la vie a suscité tant de témoignages éloquents. Fils du Baloum Naaba Tanga en effet, il est né le 9 février 1931 et est membre d’une fratrie nombreuse. Ordonné prêtre en 1958, il sera rejoint un an plus tard, dans la fraternité sacerdotale, par son frère cadet abbé Abel, de quelques mois plus jeune. L’abbé Adolphe qui a répondu au dernier appel du Père dans la nuit du 17 septembre, s’est beaucoup investi, obéissant à ses supérieurs hiérarchiques, dans la formation des petits et grands séminaristes, puisqu’il a été successivement formateur au petit séminaire de Pabré, à l’inter séminaire de Kossoghin, aux grands séminaires de Koumi et de Wayalguê. Un ministère auquel il s’est donné avec l’énergie d’un prêtre titulaire de l’école Biblique de Jérusalem, licencier en théologie biblique de la grégorienne à Rome et d’une autre en catéchèse et en spiritualité, acquise à Paris. Celui dont tous les témoignages ont évoqué la discrétion, la vie dans le silence, a rempli la fonction de secrétaire général de la conférence épiscopale de Haute-Volta de 1970 à 1973.
Dans une constance dont lui seul aura le secret, celui qui s’en va vers le Père dans sa 56 ème année de vie sacerdotale, aura laissé le souvenir d’un prêtre attentif et présent aux côtés de ses confrères, unanimes à parler de sa disponibilité au service. Serviteur jusqu’au bout, il a administré le sacrement de la réconciliation à des pénitents jusque même le dernier jour de sa vie sur terre, et laisse ainsi à ses confrères et aux fidèles chrétiens, l’exemple d’une vie toute vouée au Seigneur dans l’accomplissement d’une mission librement choisie et aimée. Surnommé « ancien combattant des légionnaires de Marie », son ministère dans le champ pastoral et paroissial, a révélé un pasteur tenace et profondément spirituel. L’illustration parfaite de ces qualité sera donnée dans la paroisse de Kombissiri, où l’abbé Adolphe a entretenu une parfaite entente avec tous les chefs coutumiers d’une région majoritairement islamiste. Sans prosélytisme aucun et avec un tact délicat, il a su installer un climat fraternel avec ses frères musulmans et a obtenu d’eux les nombreux terrains qui ont permis que les chapelles essaiment dans les succursales de la vaste paroisse saint Joseph de Kombissiri. Il s’engagera sans réserve à recruter et à envoyer se former, des catéchistes chargés de sillonner ce territoire pour l’annonce de Bonne Nouvelle. Défenseur de la femme, il accordera un soin particulier à la lutte contre l’analphabétisme, ainsi que le mariage forcé qui sévissait dans la paroisse où durant plus de treize (13) ans, il a essuyé sans céder à la vengeance, les insultes et les injures des hommes qui obligeaient leurs filles au mariage.
« L’abbé curé » de Kombissiri, est un increvable, un pasteur qui ne savait pas se donner de temps de repos. Du haut de ses 83 ans, l’homme à la soutane et au béret noir,
aura corroboré l’adage qui enseigne que le travail ne tue pas. Assidu et doux, celui qui a choisi de rejoindre le Père « en toute douceur sans déranger personne » selon les propos de Mgr Léopold, a vécu la pauvreté évangélique, ajustée à « la Parole qu’il a proclamée et dont il était passionné » selon l’abbé Bernard Yanogo. Il ne s’est pas contenté de traduire la Bible dans les langues africaines, lui qui « parlait plus par le sérieux de sa vie que par le bruit de sa Parole ». Fuyant le vedettariat dans son agir pastoral, il a écouté et ruminé la Parole comme Marie qu’elle a aimée et enseignée à la foule immense des légionnaires de Marie au Burkina Faso.
Avec l’abbé Adolphe, c’est au total trois prêtres de l’archidiocèse de Ouagadougou, que le Seigneur appelle à lui en moins d’un mois. Leur grand âge et la fécondité de leur sacerdoce nous interdisent d’être tristes, mais donnent l’occasion au cardinal Philippe, d’appeler les catholiques de son diocèse à s’engager pour la réalisation du projet d’une maison de retraite Saint jean Marie Vianney, censée recueillir ces missionnaires qui au soir de leur vie, souffrent souvent de l’isolement. Ce vaillant héritier du Baloum Naba Tanga qui repose désormais au séminaire de Pabré en compagnie de tous ses devanciers, tout en se faisant humus pour la fécondité de cette pépinière de vocation sacerdotale, saura à coup sûr nous accompagner pour la réalisation de ce projet.
Abbé Joseph KINDA