Construire de nouveaux édifices religieux coûte cher. Aucun paroissien des églises nouvellement construites ne dira le contraire. Parfois, les appels aux dons indisposent et les curés et les fidèles dont ils sollicitent la générosité. La nouvelle cathédrale de l’archidiocèse de Ouagadougou veut elle, voir le jour par une autre approche. Il suffit que les fidèles diocésains y croient.
Esprit de responsabilité.
L’option de l’épiscopat burkinabè pour une église famille de Dieu au Faso qui s’auto prend en charge, fait son petit bonhomme de chemin, et devient petit à petit réalité dans l’esprit des chrétiens. Pendant longtemps, les communautés chrétiennes et même des pasteurs avaient tendance à attendre de l’extérieur, la manne financière qui permette les différents investissements nécessaires dans nos paroisses et institutions. Chose tout à fait normale, dans une Eglise qui porte les conséquences de la méthode de sa propre implantation. Nous savons tous en effet, que la plupart des réalisations infrastructurelles dans notre Eglise, est fruit de la générosité des parents et connaissances des missionnaires qui nous ont apporté l’évangile. Sans le rechercher, ils ont pu installer dans l’imaginaire de bien des catholiques que l’argent doit venir de l’extérieur pour les constructions des églises et des chapelles. Heureusement, depuis quelques années déjà, l’Eglise Famille de Dieu au Burkina Faso, ayant pris connaissance de la situation, travaille à l’éveil des consciences et suscite à l’engagement et à la prise en charge matérielle et financière des Eglises par tous ses membres.
C’est dans cet esprit que le cardinal Philippe OUEDRAOGO, outre ses appels en faveur de la construction de la maison Saint Jean-Marie Vianney et du Centre de Pastoral Social et Familial, attend de pouvoir compter sur l’engagement des fidèles de l’archidiocèse de Ouagadougou, pour la réalisation effective de ce que l’on peut appeler, « le complexe catholique (c.cath) de Ouagadougou ». Président d’honneur de la « Fondation Pierres à Prières », le Cardinal Philippe appelle de tous ses vœux l’exécution de ce complexe qui comprend une nouvelle cathédrale, un mausolée, un bâtiment pour les pompes funèbres, un presbytère et une maison pour les religieuses, un centre d’hébergement, un cimetière paysager, une galerie marchande, une université catholique et un centre hospitalier catholique. Initié par un groupe de laïcs qui prend à cœur cette épineuse question de l’auto prise en charge, ce projet selon le cardinal OUEDRAOGO, « s’autofinancera pour l’essentiel, si l’initiative bénéficie du soutien de tous les diocésains de Ouagadougou ». Mais comment ?
Le « C.CATH » ambitionne d’être opérationnel en août 2021. La mobilisation des ressources se fera par voie de souscription. Ceux qui adhèrent à l’esprit du C.CATH, ont l’option d’acquérir en sept (7) ans ou moins selon leur capacité, une place individuelle dans le mausolée, ou un caveau familial. Les paiements selon l’équipe dirigeante de la Fondation Pierres à Prières, « peuvent s’effectuer en une seule fois par apport personnel ou crédit bancaire, ou par ordre de virement permanent à prélever sur salaires ou pensions, ou enfin par le dépôt d’une somme de 500 fcfa par jour ou 15 000 fcfa par mois pendant 84 mois ». La minutie de l’étude de ce projet est pour le moins implacable, tant les grandes questions prévisibles sont prises en compte. Tout souscripteur par exemple, qui viendrait à changer d’avis se verra remboursé le montant perçu par le C.CATH. Et que dire de celui qui répondrait à l’ultime appel de Dieu avant que le mausolée ne soit opérationnel ? Des caveaux provisoires sont prévus pour abriter les corps, avant leur transfèrement à la fin des travaux de construction du mausolée.
De la pure tradition catholique.
Le concept ne s’est pas improvisé. Loin s’en faut. Le mausolée où vont reposer les 15 000 ou 25 000 acquéreurs tire ses origines dans une des traditions anciennes de l’Eglise catholique. « Les premières églises en effet, font remarquer les initiateurs du projet, se construisaient surtout sur les catacombes où étaient enterrés les martyrs du christianisme ». La visite de ces lieux dans la ville éternelle de Rome, fait d’ailleurs partie de nos jours, des périples appréciés des millions de pèlerins qui y vont annuellement. La pratique s’est poursuivie d’une certaine façon dans notre Eglise au Burkina en ses débuts, qui à défaut de disposer de catacombes, inhumait ses fidèles près des églises paroissiales. Ils sont ces lieux choisis par les chrétiens, pour le repos en Dieu de ceux de la communauté qui ont quitté la terre. Véritable cité ou nécropole, ces lieux ou reposent les chrétiens rappelés à Dieu, constituent une sorte de dortoir, ce lieu provisoire, où les croyants demeurent dans l’attente de la résurrection finale. Mais dans cet esprit d’ouverture de l’Eglise qui ne ferme ses portes à aucun être humain, il est prévu en sus de ce mausolée qui comprendra les tombeaux des évêques et ceux des fidèles catholiques, un cimetière paysager qui accueillera sans distinction de confession, tous ceux qui voudront acquérir un caveau familial. En cela, le C.CATH s’inscrit résolument dans la perspective de cette Eglise catholique tant souhaitée par le Pape François, une Eglise ouverte à tous les hommes et femmes dont Dieu seul connait la foi.
Le Complexe catholique qui comprend donc la nouvelle cathédrale avec ses 10 000 places assises, est situé au sud de la ville de Ouagadougou, à l’angle de la route de Saponé et du nouveau boulevard en construction. A 5mn de voiture à partir du rond-point de la Patte d’Oie, le C.CATH restera très accessible, et pour la diversité des offres qu’il propose, il génèrera du trafic de tous les coins de la capitale, en minimisant les désagréments au maximum. Le projet veut joindre l’utile à l’agréable. L’immensité des différentes bâtisses, la multitude des services qui y seront rendus créeront nécessairement et sans conteste, des emplois. Développer l’homme tout en le rapprochant de son Créateur, une « philosophie » que l’Eglise porte dans son ADN. L’on comprend donc l’adhésion de son éminence le Cardinal Philippe, lorsque comme dans un cri de cœur, il « invite l’ensemble des fils et filles de notre Église Famille de Dieu à Ouagadougou et tous les hommes et femmes de bonne volonté, à soutenir le projet de construction du C.CATH et partant de la nouvelle cathédrale de Ouagadougou ». En attendant d’intégrer les remarques et suggestions des personnes avisées comme les théologiens, les liturges et les artistes, nul doute que la bousculade pour les souscriptions sera inévitable. Vingt et cinq mille places seulement ?
Abbé Joseph KINDA