Le pèlerinage terrestre de monsieur l’abbé Emmanuel DOUAMBA, l’enfant de Tanlarghin près de Sâaba, a pris fin ce mercredi 17 décembre 2014. Avec en effet, la messe de ses obsèques aujourd’hui, précédée de la veillée animée dans la cathédrale de l’Immaculée Conception de Ouagadougou la veille au soir, le premier curé Africain de la cathédrale de Ouagadougou repose désormais dans les cimetières du petit séminaire de Pabré, où l’ont devancé et dans cette même année 2014, ses grands amis que sont les abbés Laurent BILGO, Valentin NANDNABA et Adolphe OUEDRAOGO.
Monsieur l’abbé Emmanuel DOUAMBA, qui a servi le Christ comme prêtre pendant 62 ans, a connu un ministère sacerdotal fructueux, particulièrement exercé dans la traduction de la Bible en langue Moore. Cet ancien pensionnaire de l’institut catholique de Lyon, de l’école missionnaire d’action sociale de Lille, ainsi que de la Sorbonne à Paris, a passé le plus clair de sa vie sacerdotale, à rendre accessible la parole de Dieu aux auditeurs et aux lecteurs de la langue Moore. Si pour certains textes de la Bible, il n’a joué que le rôle de metteur à jour des traductions précédemment réalisées par les missionnaires occidentaux, pour la plupart des autres livres de la Bible, il en est le traducteur direct. Une œuvre intégrale, accomplie avec maestria selon les témoignages des uns et des autres, dont les éloges ont crépité à l’endroit de celui qui a su imiter le Christ jusque dans son dépouillement matériel.
Ce fou du Christ, a aiguisé sa vocation de traducteur de l’Ancien et du Nouveau Testament dans la langue Moore, en étant d’abord formateur au centre linguistique de Guilongou. Il a ainsi permis, à de nombreux Pères Blancs de s’initier à la langue Moore, avant de sillonner le moogo pour répandre la Bonne Nouvelle du Christ. « Ce génie des langues et surtout de sa langue maternelle le Moore », comme le qualifiait le Père RANZINI qu’il a enseigné à Guilongou, aura rappelé à tous les chrétiens que « l’histoire sacrée de notre vie, trouve sa beauté dans la manière dont chacun l’écrit » selon les mots de l’abbé Gabriel NIKIEMA, prédicateur à la messe d’enterrement. L’ancien curé de la paroisse de Manga et de celle de Pô, fin pratiquant de la rhétorique, grâce à qui l’on peut arguer avec justesse que « Dieu nous parle en Moore », était également amoureux du parler en parabole. Dans cet art qu’il affectionnait et à la suite du grand prêtre Jésus-Christ, il a enseigné que la différence entre les hommes, les appelle à se compléter. Pour la cause de l’évangile, celui dont la note de testament tient en une phrase, n’a rien économisé de son avoir et de son être, lui qui au travers des longs temps passés à scruter les écritures en vue de leur donner la traduction la plus juste, aura usé ses yeux et ses méninges.
A la fin de la messe des obsèques, le délégué de la fraternité sacerdotale nationale, monsieur l’abbé André TOE, a rendu homme au doyen des 132 prêtres de l’archidiocèse de Ouagadougou, en relevant son courage, sa discrétion, sa simplicité que n’a jamais trahis sa grande intelligence. Le cardinal dans son dernier adieu à cet ancien élève de la 8è promotion du petit séminaire, a conclu les discours en ces termes : « Au delà des limites humaines, il a généreusement donné sa part de construction de notre Eglise Famille de Dieu à Ouagadougou et au Burkina Faso; il a contribué à nous faire connaître, aimer et ressembler davantage à Jésus ». Requiescat in pace, humble prêtre de Jésus-Christ.
Abbé Joseph KINDA