Le Sens de l’Eglise…

Ambroise SONGREsongré

 

 

 

« LE SENS DE L’EGLISE »,

 

tel est le thème que les organisateurs du présent FORUM m’ont demandé de développer.

Je ne sais quoi dire car c’est un concept diffus, opaque mais dense et lourd de signification.

Tout fidèle du Christ, parce que baptisé et incorporé de ce fait au Christ et à son Église, peuple de Dieu et corps du Christ, est tenu de « vivre et de respirer Église« . Or apparemment « vivre et respirer Église » n’est pas l’apanage de la plupart des fidèles Laïcs d’ici et d’ailleurs. La plupart d’entre nous parlons de l’Eglise comme d’une entêté extérieure à nous. L’Eglise pour beaucoup de nous est constituée des Évêques, des Prêtres et des Religieux (ses) en excluant à tort les Fidèles Laïcs.

 

C’est peut-être la raison pour laquelle un fidèle laïc a été pressenti pour présenter ce thème à ses frères et sœurs Fidèles Laïcs des CCB – CPL – CDL – CNL / B. Mouvements d’Action Catholique, Associations de Fidèles Laïcs, Groupes de spiritualité et services d’Eglise.

 

Mais détrompez-vous. Je ne suis ni spécialiste ni théologien préparé à présenter un tel thème que j’aborde pour la 1ère fois. C’est dire que j’ai dû faire des recherches tous azimuts tout en me basant sur mes convictions et sur mon expérience propre.

 

Mais évidemment un préalable se pose. On parlera ÉGLISE, SENS DE L’ÉGLISE. Encore faut-il s’accorder sur une juste compréhension de ce que recouvre le terme « ÉGLISE ». C’est pourquoi forcément et sous la vigilance de nos « maîtres de la foi »1 que sont nos Évêques et de leurs coopérateurs les Prêtres, il sera en premier lieu esquissé à grands traits LES FONDAMENTAUX SUR L’EGLISE. Déjà à ce stade nous entrerons de plain pied dans la compréhension du sens de l’Eglise.

En second lieu nous tirerons des implications en termes d’attitudes et de comportements constituant la traduction en acte du SENS DE L’ÉGLISE.

I – RAPPEL DES FONDAMENTAUX SUR L’ÉGLISE

Préalable : Le CHRIST, notre foi.

Et tout d’abord, une évidence s’impose : comme aime à le dire le Pape Benoît XVI, « le Christianisme ou la foi chrétienne, c’est d’abord le CHRIST. Ce n’est pas une doctrine, un système, une idée ou une morale, c’est la personne du Christ qu’il faut rencontrer »2, connaître, aimer, suivre et imiter. C’est cela toute la vie du chrétien, du fidèle du Christ.

 

1-       Concile VATICAN II – Décret CHRISTUS DOMINUS sur la charge pastorale des Evêques dans l’Eglise N°1

2-       Benoit XVI – Dieu est amour  N°1

 

C’est le Christ qui a fondé l’Eglise, son Eglise en en définissant les contours à travers un plan stratégique :

Vision : L’avènement du Règne de Dieu.

Mission : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la

création » Mc 16,15

« De toutes les nations faites des disciplines les baptisant au nom du

Père et du Fils et du Saint-Esprit » Mt 28,19

Doctrine : « Et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit »

Mt 28,20

Gouvernance : L’institution du collège des douze (12) Apôtres avec à leur

tête : Pierre.

Moyens de travail : « Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à  la

fin du monde » Mt 28,20

L’assistance permanente du Christ et de son Esprit, l’Esprit-Saint.

Jn 14,26

Le temps de l’Eglise est le temps de l’Esprit-Saint.

C’est lui qui vivifie l’Eglise et la sanctifie à travers la liturgie et en particulier la liturgie de l’Eucharistie sans oublier les autres sacrements.

On ne peut opposer l’Eglise et le Christ. Gare à celui qui entend suivre le Christ tout en refusant l’Eglise fondée par le Christ. On ne prêche pas l’Eglise. On prêche le Christ.

Voici à présent les fondamentaux de cette Église du Christ :

I – 1 : QUI EST L’ÉGLISE ?

L’Église est le peuple de Dieu. C’est la définition lumineuse et magistrale que le Concile VATICAN II a donnée de l’Eglise pour signifier l’essence-même de l’Eglise qui est communion : Communion de l’Eglise avec Dieu et Communion des membres de l’Eglise entre eux. Il y a d’autres images de l’Eglise : L’Eglise notre Mère – l’Eglise, champ de Dieu – l’Eglise, épouse du Christ – l’Eglise Temple de l’Esprit Saint – l’Eglise vigne du Seigneur, etc., pour dire que la réalité et le sens de l’Eglise ne peuvent être saisis par des mots, tant l’Eglise reflète une richesse infinie. Elle reflète la richesse même du Christ. En un mot, l’Eglise est un mystère car Dieu est en elle.

A partir de l’Eglise communion que traduit « Peuple de Dieu », nos Evêques ont opté en 1977 pour l’Eglise Famille de Dieu pour dire qu’en Afrique le lieu où se vit le mieux la communion, c’est la famille.

Cette option « Eglise Famille de Dieu » a été étendue à toute l’Eglise d’Afrique lors du 1er Synode Africain de 1994 (cf. Ecclesia in Africa du 14 Septembre 1995).

Elle a trois sources d’inspiration :

–         Le modèle sublime de la Sainte Trinité.

–         L’héritage des chrétiens de la primitive Eglise.

–         Les valeurs positives de la famille africaine traditionnelle.

Dans cette l’Eglise Famille de Dieu, tous sont marqués par le baptême pour devenir des chrétiens, c’est-à-dire des fidèles du Christ.

Il est important de souligner que dans l’édification du corps du Christ qu’est l’Eglise règne une diversité de membres et de fonctions. C’est ainsi qu’on trouve :

–         Les Fidèles du Christ ministres revêtus du sacerdoce Ministériel. Il s’agit des Evêques y compris le Pape, Evêque de Rome et de l’Eglise Catholique, des Prêtres et des Diacres. Ils ont une triple fonction : Enseigner, sanctifier par les sacrements et gouverner le peuple de Dieu.

Les Evêques sont les successeurs des Apôtres. Ils sont remplis de la plénitude du sacerdoce.

Les Prêtres sont les coopérateurs des Evêques.

–         Les Fidèles du Christ Religieux. Ce sont les Religieux et Religieuses qui se consacrent au Christ en prononçant les vœux de chasteté – pauvreté – obéissance, communément appelés les CONSEILS EVANGELIQUES.

Leur fonction : par leur vie de prière, de travail, de service, de détachement, de renoncement aux biens terrestres, ils signifient, symbolisent et préfigurent la destinée finale de toute vie chrétienne qui est à la fin des temps, de se complaire dans l’adoration et la contemplation du Père céleste.

–         Les Fidèles du Christ Laïcs : Ils constituent plus de 95% du peuple de Dieu. Ils sont la VISIBILITE de l’Eglise.

Leur fonction : « Intégrés au peuple de Dieu par le baptême ils participent à leur manière à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ (sacerdoce commun) et exercent par leur part dans l’Eglise et dans le monde la mission qui est celle de tout le peuple chrétien ».Lumen Gentium N°31

« Le caractère séculier est le caractère propre et particulier des Laïcs » L.G N°31

Les fidèles Laïcs sont le pont jeté entre l’Eglise et le monde.

« L’Eglise n’est pas fondée vraiment, elle ne vit pas pleinement, elle n’est pas le signe parfait du Christ parmi les hommes si un Laïcat authentique n’existe pas et ne travaille pas avec la hiérarchie. L’évangile ne peut s’enraciner profondément dans les esprits, la vie et le travail d’un peuple sans la présence des Laïcs ».                Décret AD GENTES N° 21

Tous les trois états de vie sont réciproquement et nécessairement interdépendants et indispensables.

I – 2 : QU’EST-CE QUE L’EGLISE ?

Souvent on ne perçoit de l’Eglise Catholique que sa face visible : une institution hiérarchisée, fortement structurée, organisée avec des chefs incontestés et respectés (Pape – Evêques) à faire pâlir d’envie « les chercheurs de pouvoir » que l’on voit à travers le monde.

Or l’Eglise est une réalité spirituelle avant tout.

1)    Elle est mystère de communion entre Dieu et les hommes. Elle vit de la vie même de l’Esprit-Saint qui l’anime et la sanctifie depuis l’avènement de la pentecôte. L’Eglise, c’est le temps du Saint-Esprit en œuvre.

 2)    L’Eglise est communion entre tous ceux qui par le baptême se réclament de Jésus-Christ.

Tous jouissent d’une même dignité car vivant de la vie du Christ ils partagent avec le Père et l’Esprit-Saint la même vie trinitaire.

En Eglise, nous sommes un et jouissons de la même dignité. Nous sommes fondamentalement égaux en dignité même si nos fonctions dans la construction de l’Eglise sont diversifiées et multiples. Il y a unité de mission mais diversité de ministères.

Par le baptême tous les membres de l’Eglise sans distinction participent à la triple fonction du Christ Prêtre – Prophète et Roi.

Jouissant d’une égale dignité, les fidèles du Christ (Fidèles Ministres – Fidèles Religieux et Fidèles Laïcs) ont une seule et même vocation : LA SAINTETE. « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » Mt. 5, 48

Pour tout baptisé, la sainteté  est une exigence, une obligation, un devoir sacré. Ce n’est pas facultatif.

3)    L’Eglise est sacrement de salut pout toute l’humanité.

« L’Eglise est nécessaire au salut » nous dit la constitution dogmatique sur l’Eglise LUMEN GENTIUM N° 14 qui poursuit : « Le Christ en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême, c’est la nécessité de l’Eglise elle-même qu’il nous confirme ».

« Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné » Mc 16,16

I – 3 : LES CARACTERISTIQUES DE L’EGLISE

1)    * Nous professons dans le CREDO que « l’Eglise est Une, Sainte, Catholique et Apostolique« .

L’Eglise est une :

–         de par sa source : la Sainte Trinité

–         de par son Fondateur : le Christ – l’unique Eglise du Christ

–         de par son âme : l’Esprit-Saint.

Nous voyons cependant que l’Eglise rassemble toute une diversité de peuples et de cultures de même qu’une grande variété de dons et une grande multiplicité des personnes qui reçoivent ces dons (cf. charismes des instituts Religieux, des Mouvements d’Action catholique, Associations, Groupes de spiritualité etc.).

Enfin l’Eglise est en permanence sujette à des divisions.

         L’Eglise est Sainte

L’Eglise est appelée : le peuple saint de Dieu et ses membre sont appelés « Saints » L.G 39

Depuis le jour de la pentecôte, c’est le Saint-Esprit qui sanctifie l’Eglise en permanence. Le temps de l’Eglise, c’est le temps de l’Esprit-Saint.

C’est dans l’Eglise qu’est déposée la plénitude des moyens de salut : les sacrements institués par le Christ.

Cependant l’Eglise comprend en son sein des pécheurs.

L’Eglise est Catholique : « Universelle »

L’Eglise est catholique parce que envoyée en mission par le Christ à l’universalité du genre humain.

L’Eglise s’adresse à tous les peuples et à toutes les cultures.

L’Eglise est apostolique

L’Eglise est fondée sur les Apôtres et gouvernée par les successeurs des Apôtres que sont les Evêques avec à leur tête, le Pape, successeur de Pierre.

2)    L’Eglise est de constitution hiérarchique

L’Eglise n’est pas une société démocratique. C’est le Christ lui-même qui a institué le collège des 12 Apôtres avec à leur tête : Pierre.

« Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l’Hades (de l’enfer) ne tiendront pas contre elle.

«Je te donne les clefs du Royaume des Cieux …. » Mt 16, 18-19

C’est pourquoi l’Eglise est gouvernée par le collège des Evêques (successeurs des Apôtres) en communion avec le Pape, successeur de Pierre.

 *Au niveau de chaque diocèse

 Chaque Diocèse est une Eglise particulière. « Le Diocèse est une portion du peuple de Dieu confiée à un Evêque pour qu’avec l’aide de son presbyterium il en soit le pasteur ». « Le diocèse, lié à son pasteur et par lui rassemblé dans l’Esprit-Saint et grâce à l’évangile et à l’Eucharistie, constitue une Eglise particulière en laquelle est vraiment présente et agissante l’Eglise du Christ, Une, Sainte, Catholique et Apostolique. »Décret conciliaire CHRISTUS DOMINUS  N°11

L’Evêque est nommé par le Pape. Chaque Evêque est Evêque pour toute l’Eglise Universelle.

Les Diocèses peuvent s’associer en conférences Episcopales soit nationales, soit interterritoriales, soit régionales, soit continentales. (RECOWA-CERAO / SCEAM).

I – 4 : LA MISSION DE L’EGLISE

Le Décret AD GENTES sur l’activité missionnaire de l’Eglise en son N°5 nous rappelle la mission de l’Eglise telle que confiée par le Christ lui-même à ses Apôtres.

« Allez donc, de toutes les nations faites des disciplines, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » Mt 28,29

« Allez par le monde entier proclamer la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné » Mc 16, 15 -16

Ainsi donc l’évangélisation, l’annonce du Royaume de Dieu, c’est la raison d’être de tous les membres de l’Eglise qu’ils soient Pape-Evêques – Prêtre – Diacres Religieux (ses), Fidèles Laïcs. C’est même un devoir pour tous.

I – 5 : L’ENSEIGNEMENT DE L’EGLISE

L’enseignement de l’Eglise que nous avons tous reçu au Catéchisme mais qui reste à être sans cesse approfondi se présente sous quatre grandes fresques : 1

I – La profession de foi – Le CREDO avec les symboles de la foi (Symbole des

Apôtres (325) et symboles dit de Nicée Constantinople (381)).

II – La célébration du Mystère Chrétien :

L’économie sacramentelle et les 7 sacrements que sont :

 

1-       Catéchisme de l’Eglise Catholique

 

–  Les trois sacrements de l’Initiation chrétienne : Baptême – Eucharistie –

– Confirmation.

–  Les deux sacrements de guérison et Réconciliation : Pénitence et

Onction des malades.

–  Les deux sacrements au service de la communion : ordre et mariage.

III – La vie dans le Christ

–  La vocation de l’Homme

–  Les dix (10) commandements

IV – La prière Chrétienne

–  La prière dans la vie Chrétienne

–  La prière du Seigneur : le « NOTRE PERE »

Avec l’enseignement de l’Eglise nous revenons à notre point de départ : le Christ notre foi. C’est l’Eglise qui nous fait découvrir le Christ et nous appelle à le connaître sans cesse, à l’aimer, à le suivre et à l’imiter pour être pleinement et authentiquement des Chrétiens, des disciples Christ.

Après ce rappel des « fondamentaux sur l’Eglise » on peut tirer des implications concrètes en découlant.

II – AVOIR LE SENS DE L’EGLISE : ATTITUDES ET COMPORTEMENTS

D’emblée je dirai qu’avoir le sens de l’Eglise, c’est connaître les fondamentaux sur l’Eglise tels que rappelés précédemment, les intérioriser, se les approprier et en tirer les implications.

Ce sont ces implications en termes d’attitudes et de comportements qu’en tant que fidèle Laïc je tenterai de tirer.

1ère IMPLICATION : Etre de corps et de cœur avec l’Eglise Famille de Dieu     

L’Eglise, c’est nous les Fidèles Laïcs car nous constituons plus de 95% des membres de l’Eglise. Nous sommes la visibilité de l’Eglise. Chaque fidèle Laïc doit se considérer comme étant l’Eglise. Mais il ne s’agit pas d’être uniquement de corps avec l’Eglise, il faut être surtout de cœur avec l’Eglise. Cela se traduit par des comportements tels que :

–         mener une vie en adéquation avec l’Eglise (pas de dichotomie entre vie de foi et vie  en famille, en société, sur les lieux de travail etc.) ;

–        1-       CERAD « L’Eglise-Famille de Dieu : sacrement de salut et lieu de la nouvelle fraternité pour les sociétés Africaines »

Juillet 2007

 

cultiver une qualité de vie spirituelle ;

–         être de corps et de cœur avec les structures et activités des structures de notre Eglise Famille de Dieu (C.C.B, communauté Chrétienne paroissiale, diocésaine, nationale)

–         se montrer docile à l’enseignement des pasteurs de l’Eglise (Pape – Evêques, Prêtres)

–         s’engager résolument à construire une Eglise du Christ marquée des grandes valeurs de la famille africaine, une Eglise inculturée, mieux une Eglise qui ambitionne d’être « lieu de la nouvelle fraternité pour les sociétés africaines 1 c’est véritablement cette ambition que poursuivent nos CCB, nos communautés Chrétiennes paroissiales et diocésaines. Comment alors les déserter ? Au contraire, construisons activement notre Eglise avec notre génie africain.

2ème IMPLICATION : Etre constamment en communion avec l’Eglise

La communion est l’âme de l’Eglise. De même que les Evêques sont en communion avec le Pape, les Prêtres avec leurs Evêques, de même toutes les structures de l’Eglise du niveau inférieur sont en communion avec celles du niveau supérieur (CCB – Paroisses – Diocèses – siège Apostolique). C’est la condition de l’unité de l’Eglise : unité institutionnelle et doctrinale.

Il faut affirmer sans ambages qu’il n’y a pas d’indépendance dans l’Eglise. Quand il y a indépendance, surtout en matière doctrinale, il y a schisme, négation d’unité.

S’agissant tout particulièrement des charismes vécus et cultivés par les mouvements d’action Catholique, les Associations Catholiques, les groupes de spiritualité et services d’Eglise, on peut rappeler :

–         l’exposé lyrique de St Paul Apôtre (1 Co 13 et 14) parlant des charismes, de la hiérarchie des charismes avec son hymne à la charité

–         les principes énoncés par le Magistère et notamment les documents du concile VATICAN II à savoir que : « il appartient aux Pasteurs de porter un jugement sur l’authenticité et le bon usage de ces charismes (dons) pour non pas pour éteindre l’Esprit, mais pour éprouver tout et retenir ce qui est bon »

LUMEN GENTIUM N° 12 et Décret APOSTOLICAM ACTUOSITATEM N°3

Cf. Ecclésiologie des MAGS

 

–         Les règles fixées par le code de droit canonique :

Aucune Association ne peut prendre le nom de « Catholique » sans le consentement de l’autorité ecclésiastique compétente » CAN 300.

Toutes les Associations de fidèles sont soumises à la vigilance de l’autorité ecclésiastique compétente (en vue de la sauvegarde de l’intégrité de la foi et des mœurs) CAN 305.

Les Associations légitiment constituées jouissent d’une juste autonomie (édicter les règles particulières, désigner leurs responsables, administrer leurs biens…) CAN 309, 324, 325.

Les Autorités compétentes pour ériger les Associations sont :

    • Le Saint-Siège pour les Associations universelles ou internationales
    • Les conférences des Evêques pour les Associations Nationales
    • L’Evêque diocésain pour les Associations diocésaines

CAN 312

          Il reste qu’en la matière il y a beaucoup d’ombres et les fidèles Laïcs n’ont aucun éclairage précis sur les conditions de création, de fonctionnement, d’administration des Mouvements d’Action Catholique, Associations de fidèles, groupes spiritualité. Ils n’ont surtout aucun éclairage sur le devoir de vigilance et sur les pouvoirs de l’autorité ecclésiastique compétente (Prêtres – Curés – Evêques) dans la vie et le fonctionnement des Mouvements, Associations, groupes de spiritualité.

A ce sujet il est urgent qu’un directoire soit formalisé par la Conférence Episcopale pour toute l’Eglise du Burkina ou le cas échéant, par l’Evêque diocésain pour son diocèse.

3ème IMPLICATION : Avoir une conscience Chrétienne

Toute conscience se forme, en particulier la conscience du fidèle du Christ. Celle-ci se forme :

–         à la lumière de la Parole de Dieu

–         sous l’éclairage de l’enseignement de l’Eglise : le Magistère (conciles – encycliques – exhortations post-synodales – Pères de l’Eglise …) l’enseignement des Pasteurs de l’Eglise : Evêques – Conférences Episcopales – Prêtres…

–         et en militant dans les MAC, les Associations Catholiques et groupes de spiritualité. Encore faut-il faire l’effort d’aller à ces sources pour approfondir sa foi et sa culture religieuse en y ajoutant les récollections et retraites spirituelles et en s’exerçant à scruter les signes des temps par la révision de vie, les méthodes de l’Action Catholique (Voir – Juger – Agir) pour analyser les faits et évènements à la lumière de l’Evangile.

C’est une telle conscience formée qui permet au fidèle du Christ d’exprimer son sentiment Chrétien devant les évènements de la vie, en famille, sur les lieux de travail et de loisirs, en société et devant les grands évènements du pays et du monde.

On peut alors se demander pourquoi nous les Fidèles Laïcs du Burkina sommes toujours muets, attendant que nos Evêques parlent au nom de l’Eglise.

Ne sommes-nous pas l’Eglise nous aussi ?

Assurément, notre Laïcat n’est pas encore mâture.

4ème IMPLICATION : Etre engagé et prendre ses responsabilités dans l’Eglise et dans la société

          Beaucoup de Fidèles Laïcs sont des Chrétiens du dimanche. Certains vont a l’église aux grandes fêtes, en particulier à Noël et Pâques avec en prime le mercredi des cendres. C’est dire que bien de chrétiens perçoivent leur pratique religieuse comme un rituel à satisfaire. Or connaître et suivre le Christ dans l’Eglise par l’Eglise et avec l’aide de l’Eglise ne consistent pas à se conformer à un rituel.

C’est une vraie conversion du cœur appelant engagement et l’engagement du Fidèle Laïc se situe à deux niveaux :

–         au niveau de l’Eglise elle-même

–         et au niveau de la société.

L’engagement dans l’Eglise est un devoir pour tout Chrétien, dit le concile VATICAN II dans LUMEN GENTIUM : « Les Laïcs doivent avoir une conscience toujours plus claire non seulement d’appartenir à l’Eglise mais d’être l’Eglise ». Ils sont l’Eglise.

          « Le membre qui ne travaille pas à la croissance du corps doit être réputé inutile à l’Eglise et à lui-même ».

L’engagement du Chrétien dans l’Eglise commence par la C.C.B, lieu incontournable de prière, d’écoute et de partage de la Parole de Dieu, de célébration eucharistique, de communion fraternelle, de solidarité agissante, d’accueil missionnaire et de témoignage communautaire.

L’engagement du Chrétien se poursuit dans la paroisse, le diocèse et les structures et institutions nationales de l’Eglise à travers les services divers qu’il peut rendre tels que : catéchèse, éducation et formation, liturgie, services caritatifs et de promotion humaine, etc.

L’engagement enfin dans les Mouvements, Associations, groupes de spiritualité…

L’engagement dans le monde est le devoir propre du Fidèle Laïc appelé à travailler comme du dedans à la sanctification du monde à la manière d’un ferment. Cette tâche de sanctification du monde incombe aux Fidèles Laïcs en particulier. C’est leur spécificité.

Les domaines d’engagement du Fidèle Laïc dans le monde sont :

–         Dignité de la personne humaine et respect du droit à la vie ainsi que des autres droits humains.

–         Promotion humaine et développement de tout homme et de tout l’homme.

–         Lutte contre la pauvreté.

–         Défense et protection de la famille, institution divine et valeur africaine.

–         Dialogue inter religieux.

–         L’engagement en politique comme étant une des formes les plus exigeantes de la charité.

–         La moralisation du monde des affaires.

–         L’évangélisation de la culture et des cultures.

–         L’engagement dans les institutions internationales, etc.

Aucun domaine n’est étranger à l’évangélisation.

C’est le lieu d’encourager les Fidèles Laïcs à s’investir dans les Associations, mouvements et groupes qui au nom du Christ naissent et œuvrent dans les divers domaines d’activité des hommes.

 5ème IMPLICATION : Etre fier de l’Eglise

Assurément tout fidèle du Christ doit être fier de l’Eglise, de l’Eglise du Christ. Il doit même en être très fier :

–         pour ce qu’elle est, pour son unité enviée

–         pour son organisation impeccable

–         pour ses chefs, en particulier pour le Pape, les Evêques : nous devons être fiers des Evêques de notre conférence Episcopale

–         pour son enseignement constant et invariable : annoncer Jésus-Christ, la Bonne Nouvelle de Salut

–         pour la floraison des instituts religieux avec leurs cohortes de moines, moniales et autres consacrés qui louent et glorifient le Seigneur jour et nuit, attirant pour notre monde et pour nos sociétés des grâces de paix et de réconciliation.

Et enfin pour toute l’œuvre de sanctification qu’elle réalise dans le monde.

6ème IMPLICATION : Défendre l’Eglise

          Si nous sommes fiers de notre Eglise, nous devons la défendre :

–         contre tous ceux qui s’attaquent à elle, qui la dénigrent et la vilipendent à travers le Pape, les Evêques, les Prêtres, les Religieux

–         contre tous ceux qui déforment sa pensée, sa doctrine en rétablissant la vérité vraie

–         contre tous ceux qui déforment son image

–         contre tous ceux qui s’attaquent aux biens et aux intérêts légitimes de l’Eglise.

Ce faisant, c’est nous – mêmes que nous défendons puisque nous sommes l’Eglise.

Nous Fidèles Laïcs avons un devoir particulier envers les Evêques, les Prêtres, les Religieux (ses) qui, par faiblesse humaine, manquent à leurs vœux et devoirs :

devoir de charité en les accueillant fraternellement, en les soutenant et en priant pour eux

  • devoir même de correction fraternelle cas par cas en prenant toutes les précautions requises.

C’est faire preuve de manque de maturité et surtout de foi que de se scandaliser des manquements de nos pasteurs et de nos religieux (ses) et en conséquence tourner le dos à l’Eglise. Le Christ nous demande de LE suivre et pas quelqu’un d’autre.

7ème IMPLICATION : Participer à la construction de l’Eglise

          Par construction de l’Eglise, on a tendance à se limiter aux aspects matériels et financiers. Or il faut aller plus loin. Référons-nous à la pédagogie du Christ lui-même.

Comment a-t-il fondé son Eglise ?

–         Le collège des douze apôtres avec à leur tête Pierre

–         La formation durant trois ans.

–         Son départ

–         L’envoi de l’Esprit-Saint et la naissance de l’Eglise.

–         Et enfin l’expansion missionnaire avec l’assistance de l’Esprit-Saint.

Réfléchissons à cette pédagogie pour emprunter les meilleures voies de construction de l’Eglise du Christ en mettant en avant l’Action de l’Esprit-Saint avec la prise de conscience du devoir missionnaire de tous les membres de l’Eglise Famille de Dieu, Option de nos Pères Évêques.

En effet, l’option Eglise Famille de Dieu commande que chaque membre de la famille joue son rôle, joue sa partition et contribue au bien-être et à la croissance de la famille ou risque d’être un membre inutile.

Ce n’est pas facultatif, c’est un devoir.

En Afrique, c’est la solidarité, le partage, grandes valeurs de nos sociétés traditionnelles.

Tout Fidèle du Christ, parce que baptisé, participe à la fonction prophétique du Christ. Il a donc le devoir missionnaire d’annoncer l’Évangile avec les autres membres de l’Eglise du Christ par la prière, le témoignage, la parole, l’engagement de sa propre personne, le don de soi, de son intelligence, de ses biens etc.

Les Fidèles Laïcs sont l’Eglise. Ils constituent la visibilité de l’Eglise car ils sont les plus nombreux. Donc c’est sur eux essentiellement que repose le devenir de l’Eglise.

Enfin l’assistance extérieure dont bénéficiait notre Église locale décroît et tend à disparaître. Il est grand temps que les Fidèles Laïcs prennent la relève.

Tels sont quelques-uns des arguments que l’on peut développer pour asseoir une stratégie de construction de l’Eglise et pas seulement d’auto-prise en charge.

 

CONCLUSION

 

Avoir le sens de l’Eglise, telle est l’invite faite à tout membre de l’Eglise du Christ, en particulier à tout Fidèle Laïc. C’est pourquoi le thème de cette communication aurait dû s’intituler :

« Le Sens de l’Eglise du Christ » pour dire que tout commence par    le Christ et finit par le Christ.

Avoir le sens de l’Eglise du Christ revient en définitive à la racine de notre foi : découvrir le Christ, le connaître, l’aimer, le suivre, l’imiter. Et cela ne peut se faire que dans l’Eglise, par l’Eglise et grâce à l’Eglise du Christ.

C’est le Vœu que je formule pour chacun et chacune de nous.

Je termine enfin mon propos par des perspectives pastorales.

1)    En premier lieu s’impose la nécessité d’une pastorale sur le sens de l’Eglise dans le cœur et l’âme des Fidèles Laïcs. C’est la clé de l’engagement des Fidèles Laïcs dans l’Eglise et dans le monde. C’est surtout la clé de la construction de l’Eglise avec son corolaire et son volet « autoprise en charge ».

2)    En deuxième lieu, les Mouvements, Associations de Fidèles Laïcs et surtout les Groupes de spiritualité ont besoin de procédures et de règles pour être en communion avec l’Eglise. S’impose alors la nécessité de Directoires Nationaux ou diocésains pour authentifier, reconnaître et suivre les divers charismes que l’Esprit insuffle dans le cœur des Fidèles Laïcs pour leur sanctification et pour l’avènement du règne de Dieu.

3)    Enfin, j’en appelle à la libération de l’intelligence et de la parole des Fidèles Laïcs au nom de leur conscience chrétienne. Un vaste champ d’action s’ouvre aux Fidèles Laïcs qui, au nom de leur conscience chrétienne, comprendront enfin qu’ils doivent témoigner de leur foi dans toutes leurs activités humaines et exprimer leur sentiment chrétien devant les grands évènements de la nation et du monde mais toujours en communion avec la hiérarchie. C’est le défi qui est lancé à notre laïcat aujourd’hui.

Ouagadougou le 10 Novembre 2013

ANNEXE

 ORGANISATION  DE  L’ÉGLISE UNIVERSELLE

          L’organisation de la Curie Romaine depuis le 1er Février 2008 se présente comme suit : 1

Le Pape

La Secrétairerie d’État

Les congrégations (9) (Ministères)

Doctrine de la foi                    Evangélisation des peuples

Églises orientales                    Clergé

Culte divin et discipline          Instituts de vie consacrée et apostolique

des sacrements

Cause des Saints                    Éducation catholique

Évêques

Les conseils pontificaux (10)

Laïcs                                       Pastorale de la santé

Promotion de l’unité des                  Textes législatifs

Chrétiens

Famille                                   Dialogue inter religieux

Justice et Paix                         Culture

Cor Unum                              Moyens de communication sociale

Tribunaux (3)

Pénitencerie apostolique

Signature apostolique

Rote Romaine

Préfecture des Affaires économiques

 Administration du patrimoine

 Gouvernement de la cité du Vatican

 

 

 

 

 

1-       Henri TINCQ « Les Catholiques »  P 156

 

 

 

 

QUELQUES RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 

Concile VATICAN II

 

–         Constitution dogmatique LUMEN GENTIUM sur l’Eglise ».

21 Novembre 1964

–         Décret CHRISTUS DOMINUS sur la charge pastorale des Évêques dans l’Eglise

28 Octobre 1965

–         Décret AD GENTES sur l’activité missionnaire de l’Eglise

7 Novembre 1965

–         Décret APOSTOLICAM ACTUOSITATEM sur l’Apostolat des Laïcs

18 Novembre 1965

Catéchisme de l’Eglise catholique MAME / PLON 1992

Code de Droit canonique.              Lecerf 1989

CERAO « L’Eglise Famille de Dieu sacrement de salut et lieu de la nouvelle fraternité pour les sociétés Africaines » 2007

Benoit XVI – Encyclique « DEUS CARITAS EST » 25 Décembre 2005

Henri TINCQ « Les Catholiques » Grasset 2008