Le personnage biblique d’Eléazar, homme très agé et éminent scribe de son époque, nous invite à méditer la relation particulière entretenue entre la fidélité de la vieillesse et l’honneur de la foi. Cette dernière, a expliqué François, «subit constamment des pressions, même violentes, de la part de la culture dominante, qui cherche à l’avilir en la traitant comme un vestige archéologique, une vieille superstition». À l’exemple d’Eleazar, les personnes agées sont ainsi appelées à mettre à l’honneur leur propre foi, en particulier pour les plus jeunes générations qui les regardent.
Eléazar, la cohérence dans la foi
Le récit biblique raconte l’épisode du peuple juif contraint par un décret du roi à manger des viandes sacrifiées aux idoles. Lorsque ce fut le tour d’Eléazar, les fonctionnaires du roi lui conseillèrent de faire semblant de manger la viande, afin d’être sauvé. La réponse d’Eléazar, qui refuse de renier sa foi pour rester en vie quelques jours de plus, vient questionner la cohérence de notre vie de foi. Or, «un vieil homme qui a vécu dans la cohérence de sa foi pendant toute une vie, et qui s’adapte maintenant à feindre de la renier, condamne la nouvelle génération à penser que toute la foi n’a été qu’une imposture, un revêtement extérieur que l’on peut abandonner», a alerté le Souverain pontife. La foi chrétienne apparaitrait alors aux jeunes «comme un ensemble de comportements qui, en l’occurrence, peuvent être simulés ou dissimulés, car aucun d’entre eux n’est aussi important pour la vie.»
La tentation de considérer la foi comme une spiritualité, et non pas comme une pratique, était «un piège très puissant et très séduisant pour le christianisme des premiers siècles», a affirmé le Successeur de Pierre. L’ancienne gnose hétérodoxe, notamment, théorisait précisément ceci. Cette tentation gnostique reste toujours actuelle : «Dans de nombreuses tendances de notre société et de notre culture, la pratique de la foi subit une représentation négative, parfois sous forme d’ironie culturelle, parfois avec une marginalisation cachée», a indiqué François.
Rendre à la foi son honneur
Une des manière de lutter contre cette fausse conception de la foi chrétienne est de rendre à la foi son honneur, a conclu le Saint-Père, car «la pratique de la foi n’est pas le symbole de notre faiblesse, mais plutôt le signe de sa force». La foi a «changé nos vies, purifié nos esprits, nous a appris l’adoration de Dieu et l’amour du prochain. C’est une bénédiction pour tous (…). Nous n’échangerons pas notre foi contre une poignée de jours tranquilles», a exhorté François, devant la foule réunie place Saint-Pierre.