Olivier Bonnel-Cité du Vatican
Au cours de cette messe, présidée par le cardinal Kevin Farrell, préfet du dicastère pour la famille, les laïcs et la vie, le Pape François a prononcé une homélie venant clore la X ème rencontre mondiale des familles, «le moment de l’action de grâce» a t-il précisé. «Certains d’entre vous ont participé aux moments de réflexion et de partage, ici, au Vatican. D’autres les ont animés et les ont vécus dans leurs diocèses respectifs, en une sorte d’immense constellation» a souligné le Pape, qui a demandé au Seigneur de soutenir toutes ces familles de sa force et de son amour. «Vous êtes des papas, des mamans, des enfants, des grands-parents, des oncles et tantes ; vous êtes adultes, enfants, jeunes, personnes âgées ; chacun avec une expérience de famille différente, mais tous avec la même espérance devenue prière : que Dieu bénisse et protège vos familles et toutes les familles du monde» a dit le Saint-Père.
La liberté intérieure, la plus grande liberté
Revenant sur l’épitre de Paul où l’apôtre évoque la liberté, François a expliqué combien «chacun veut être libre». «Et pourtant, a t-il poursuivi, combien de personnes manquent de la plus grande liberté : la liberté intérieure !». Saint-Paul nous rappelle au contraire que la liberté est avant tout un don. «Nous naissons tous avec de nombreux conditionnements, intérieurs et extérieurs, et surtout avec la tendance à l’égoïsme, c’est-à-dire à nous mettre au centre et à faire nos intérêts. Mais le Christ nous a libérés de cet esclavage» a encore relevé le Pape.
Le Souverain Pontife s’est adressé directement aux époux: «avec la grâce du Christ, vous avez fait ce choix courageux de ne pas utilisez votre liberté pour vous-mêmes, mais pour aimer les personnes que Dieu a mises à côté de vous». Au lieu de vivre comme des «îlots», ces couples se sont mises au service les uns des autres. «La famille est le lieu de la rencontre, du partage, de la sortie de soi pour accueillir l’autre et lui être proche. Elle est le premier lieu où l’on apprend à aimer» a souligné le Pape.
Défendre la famille
Mais face aux nombreux défis de la vie, «et alors que nous affirmons la beauté de la famille, nous sentons plus que jamais que nous devons la défendre» a t-il poursuivi. «Ne permettons pas qu’elle soit polluée par les poisons de l’égoïsme, de l’individualisme, de la culture de l’indifférence et du rejet, et qu’elle perde ainsi son “ADN” qui est l’hospitalité et l’esprit de service». François s’est appuyé sur les figures de l’Écriture pour y tirer des enseignements pour les familles d’aujourd’hui. Ainsi la relation entre les prophètes Elie et Elisée, rapportée dans la première lecture, qui «nous fait penser, a t-il précisé, à la relation entre les générations, au “passage de témoin” entre parents et enfants».
Élie, dans un moment de crise et de peur pour l’avenir, reçoit de Dieu le commandement d’oindre Élisée comme son successeur. Dieu fait comprendre à Élie que le monde ne finit pas avec lui et il lui commande de transmettre à un autre sa mission. «Tel est le sens du geste décrit dans le texte : Élie jette sur les épaules d’Élisée son manteau, et à partir de ce moment le disciple prend la place du maître pour continuer le ministère prophétique en Israël. Dieu montre ainsi qu’il a confiance en le jeune Élisée».
Aider les enfants à accueillir leur vocation
«Dieu aime les jeunes, mais il ne les préserve pas pour autant de tout risque, de tout défi et de toute souffrance» a encore souligné l’évêque de Rome, Dieu «n’est pas anxieux, ni super protecteur ; au contraire, il a confiance en eux et appelle chacun à la haute mesure de la vie et de la mission». En s’adressant aux parents, François a ainsi expliqué que la Parole de Diue montrait le chemin: ne pas préserver les enfants du moindre malaise et souffrance, mais chercher à leur transmettre la passion pour la vie. «Chers parents, si vous aidez les enfants à découvrir et à accueillir leur vocation, vous verrez qu’ils seront “saisis” par cette mission et qu’ils auront la force d’affronter et de surmonter les difficultés de la vie» a-t-il noté.
Revenant sur l’Évangile de Luc dans lequel Jésus prend la route de Jérusalem, le Pape a souligné combien le Christ avait accepté sa mission, compris quelle était sa vocation. «Ce qui est arrivé à Jésus en Samarie se produit dans toute vocation chrétienne, y compris familiale. Il y a des moments où il faut prendre sur soi les résistances, les fermetures, les incompréhensions qui proviennent du cœur humain et, avec la grâce du Christ, les transformer en accueil de l’autre, en amour gratuit»
Le chemin avec Dieu est dynamique et imprévisible
L’Évangile revient sur plusieurs « appels » a aussi dit François, le premier notamment étant «à ne pas chercher une demeure stable, un logement sûr en suivant le Maître». «Cela est d’autant plus vrai pour vous, époux ! Vous aussi, en accueillant l’appel au mariage et à la famille, vous avez quitté votre « nid »» a poursuivi le Souverain Pontife. Le Pape a d’ailleurs invité les parents à se garder d’être trop protecteurs envers leurs enfants, évoquant avec humour les jeunes qui souhaitent se marier mais dont les mamans « leur repassent encore leurs chemises à 37 ans ».
«Chères familles, vous êtes, vous aussi, invitées à ne pas avoir d’autres priorités, à « ne pas vous retourner », c’est-à-dire à ne pas regretter la vie d’avant, la liberté d’avant, avec ses illusions trompeuses : la vie se fige quand, regrettant le passé, elle n’accueille pas la nouveauté de l’appel de Dieu» a encore expliqué François. Le Pape a conclu son homélie en encourageant toutes les familles à «reprendre avec décision le chemin de l’amour familial, en partageant avec tous les membres de la famille la joie de cet appel» et a lancé un appel aux jeunes en particulier: «L’Église est avec vous, bien plus, l’Église est en vous ! L’Église, en effet, est née d’une Famille, celle de Nazareth, et elle est faite principalement de familles»