Olivier Bonnel – Cité du Vatican
«Nous devons le reconnaître: nous n’avons pas su prendre soin de la création de manière responsable», commence le Pape dans son message, rappelant que la situation de l’environnement, au niveau global, ainsi qu’en de nombreux endroits spécifiques, ne peut être jugée satisfaisante. Ainsi, note t-il au début de ce message, se fait sentir la nécessité d’une relation renouvelée et saine entre l’humanité et la création.
François reprend évidemment les grandes lignes de son encyclique Laudato Si’, pour rappelerla conviction que «seule une vision de l’homme, authentique et intégrale nous permettra de prendre mieux soin de notre planète, au bénéfice de la génération présente et de celles à venir».
L’accès à l’eau, condition pour l’exercice des autres droits humains
En cette journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, c’est le thème de l’eau qui a été choisi. «Un élément si simple et si précieux, dont malheureusement l’accès est difficile, sinon impossible pour beaucoup de personnes», rappelle le Souverain Pontife.
Pourtant, «l’accès à l’eau potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel, et une condition pour l’exercice des autres droits humains». Ce monde, rappelle François, a une grave dette sociale envers les pauvres qui n’ont pas accès à l’eau potable, parce que c’est leur nier le droit à la vie, enraciné dans leur dignité inaliénable.
L’eau, explique aussi le Pape, «nous invite à réfléchir sur nos origines». L’image utilisée au début du Livre de la Genèse, où l’esprit du Créateur «planait sur les eaux» (1, 2), est significative. L’eau a donc un rôle fondamental dans la création et dans le développement de l’homme. «Précisément pour cela, prendre soin des sources et des bassins hydriques est un impératif urgent». Aujourd’hui plus que jamais, poursuit François, il faut un regard qui aille «au-delà de l’immédiat», au-delà d’un «critère utilitariste d’efficacité et de productivité pour le bénéfice individuel», plaide le Pape, qui rappelle que toute privatisation du bien naturel de l’eau au détriment du droit humain de pouvoir y avoir accès, est inacceptable.
Donner à boire au Seigneur dans ceux qui ont soif
Pour nous chrétiens, poursuit le Saint-Père dans son message, l’eau représente un élément essentiel de purification et de vie, à commencer par le Baptême, sacrement de notre renaissance. Elle traverse les Ecritures et l’histoire du Salut: «Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive ». Le Seigneur nous demande de lui donner à boire dans les nombreuses personnes qui ont soif aujourd’hui, et cela nécessite des choix concrets et un engagement constant pour garantir à tous le bien fondamental de l’eau.
Dans ce message, le Pape aborde aussi la question des mers et des océans. «Prendre soin chaque jour de ce bien inestimable constitue aujourd’hui une responsabilité inéluctable», rappelle t-il, mais les efforts sont hélas souvent réduits à néant, « par manque de règlementation et de contrôles effectifs», surtout en ce qui concerne la protection des zones marines au-delà des territoires nationaux. «Nous ne pouvons pas permettre que les mers et les océans se couvrent d’étendues inertes de plastique flottantes», dénonce François. En raison de cette même urgence, nous sommes appelés à nous engager, de manière active, en priant comme si tout dépendait de la Providence divine, et en œuvrant comme si tout dépendait de nous, souligne-t-il.
L’eau, signe de rencontre pour la communauté humaine
«Prions pour que les eaux ne soient pas un signe de séparation entre les peuples, mais de rencontre pour la communauté humaine», écrit enfin le Pape, pour que soient sauvés ceux qui risquent leur vie sur les flots à la recherche d’un avenir meilleur, se faisant l’écho des crises contemporaines. Le Saint-Père se tourne aussi vers ceux qui se consacrent à l’apostolat de la mer, et tous ceux qui aident à réfléchir sur les problèmes touchant les écosystèmes marins, et œuvrent à protéger les personnes, les pays et les réserves naturelles.
Et puisque la sauvegarde de la création est affaire de tous et urgente, François demande de prier pour les générations à venir, « afin qu’elles grandissent dans la connaissance et dans le respect de la maison commune et avec le désir de prendre soin du bien essentiel de l’eau en faveur de tous».